Le jardin de la rue Khémisti, appelé «le jardin de la Roseraie», n'attire décidément pas grand monde. Pourtant, eut égard au tumulte de la vie citadine, avec son lot de stress qui en découle, cet espace vert, en sandwich entre la rue Larbi Ben M'hidi et la rue Khémisti devrait connaître un engouement certain de la part des Oranais. En effet, dans un centre-ville «bétonné» où la verdure n'a pas droit de cité, le jardin de la Roseraie est peut-être l'un des seuls espaces verts qui garantit aux habitants une sorte de refuge, fût-il éphémère, face au brouhaha de la cité. «Comme par enchantement, dès l'instant où je pénètre ce jardin, je n'entends plus les klaxons, ni tout le tapage qui caractérise le centre-ville. J'aime à y venir m'asseoir sur un banc, et ne penser à rien, me contenter de regarder la verdure, et me déstresser autant que faire se peut», nous expliquera un des habitués. Faut dire que le jardin de la Roseraie brille aussi par une autre particularité : il est sans doute l'un des plus vastes, après le jardin municipal d'Oran (sis à Médiouni), où les familles peuvent y venir pour se détendre, pique-niquer, ou tout simplement passer du bon temps. Pourtant, force est d'admettre qu'il passe inaperçu aux yeux du plus grand nombre. «J'emprunte la rue Khémisti tous les jours, pourtant jamais l'idée ne m'a effleuré l'esprit de m'arrêter dans cet endroit, je ne savais même pas qu'il s'appelait le jardin de la Roseraie», nous confie un jeune étudiant. D'autres abondent dans ce sens en émettant des critiques: «Si ce jardin passe inaperçu aux yeux du plus grand nombre, c'est précisément à cause de sa double clôture et de son grillage. Ils exercent un effet dissuasif sur la foule. L'APC n'aurait pas du construire une deuxième clôture. Là, tel qu'il est conçu, rien n'indique au premier abord qu'il s'agit d'un jardin». D'autres regrettent pour leur part que cet espace ne soit pas doté de jets d'eau ou d'un lac artificiel comme c'est le cas pour le jardin municipal. «Il n'y a rien de plus reposant que d'entendre le murmure des eaux. Cela repose l'âme et l'esprit. Hélas, ce jardin n'en est pas pourvu !» Il ne faut pas non plus s'y méprendre : pour ne pas être bondé, le jardin de la Roseraie n'est pas déserté pour autant. Parfois, des femmes en jogging s'y amènent, aux heures matinales, pour effectuer leur footing, des vieux retraités viennent y lire leurs journaux, des couples d'amoureux viennent s'y blottir, des écoliers, aux heures creuses, l'investissent pour se défouler. Autant dire que le jardin de la Roseraie n'est pas complètement délaissé. Seulement les citadins en manque d'espaces verts devraient en tirer un meilleur profit.
