Les Européens risquent de passer un hiver difficile en 2007, non du fait de la chute de la température mais en raison d'une éventuelle baisse d'approvisionnement en gaz. En effet, la Russie, qui fournit à l'Europe un quart de ses besoins gaziers, envisage de réduire ses livraisons au vieux continent dès l'année prochaine. Une réduction dictée par l'augmentation croissante de la demande intérieure russe. Lors d'un Conseil des ministres tenu jeudi dernier, le ministre de l'Economie russe, Guerman Gref, a révélé que « le marché intérieur aura à lui seul besoin de 26 à 27 milliards de mètres cubes de gaz, or, nos prévisions n'indiquent qu'une hausse de 21 milliards de mètres cubes supplémentaires » et d'ajouter que « c'est la première fois qu'un tel déséquilibre apparaît ». Guerman Gref, qui siège également au conseil de surveillance du géant gazier d'Etat Gazprom, a admis qu'il ignorait où trouver des ressources pour pallier le déficit. D'après les prévisions établies par son ministère, le total des exportations de gaz russe pourrait passer de 200 milliards de mètres cubes cette année à 193 milliards l'année prochaine. Outre la demande interne, le niveau faible des investissements consentis par la Russie dans le domaine gazier est également pour grande partie à l'origine du déséquilibre gazier dont fait part le ministre de l'Economie russe. L'Agence internationale de l'énergie avait, pour rappel, sermonné, en juillet dernier, Gazprom sur ses investissements jugés largement insuffisants pour faire face à la demande. Un rapport de la banque d'investissement UBS a, par ailleurs, pronostiqué vers 2010 le risque de compression des exportations vers l'Europe. Les analystes ont mis en évidence un hiatus de quelques années entre l'épuisement progressif des grands gisements actuels et les trois « super géants » à venir (Chtokman, Bovanenskoïe et Yamal-péninsule) qui n'entreront en service qu'autour de 2015. Devant l'aveu d'incapacité russe à satisfaire les futurs besoins européens en gaz, la question qui s'impose est quelle alternative pour le gaz russe en Europe ? Si du côté russe on affirme ignorer où trouver les ressources pour pallier le déficit, du côté européen, l'Algérie, du fait de sa position de deuxième fournisseur gazier d'Europe, est la seule alternative, du moins dans l'immédiat. Certains parmi les experts européens ont estimé que la « fusion » qui a eu lieu tout récemment entre le géant algérien des hydrocarbures Sonatrach et le russe Gazprom, ne soit le stratagème trouvé par le gouvernement de Vladimir Poutine pour parer son incapacité à honorer son contrat de fourniture de gaz qui le lie à l'Europe pour plusieurs années à venir. Le rapprochement avec Sonatrach viserait donc, selon cette interprétation plus défendue par les analystes, à couvrir cette hypothétique défaillance russe et à sauver la face à Gazprom devant ses clients européens.