Des tonnes de roches se sont détachées, hier peu après 13h30, d'une montagne à l'entrée de la ville d'Aokas (20 km à l'est de Béjaïa) et ont tué 6 personnes, dont une femme, et blessé 16 autres dont 3 sont dans un état grave. Les dégâts que nous avons constatés sur place rendent compte d'un impressionnant éboulement. D'énormes roches, des masses de terre ont envahi les deux chaussées de la RN9. La majorité des victimes sont des passagers d'un fourgon de transport de 30 places, assurant la ligne Béjaïa-Aokas, pris au piège au moment de l'éboulement. Touché de plein fouet, il a été stoppé net par une grosse roche qui s'est écrasée sur son toit. Un autre fourgon, un H100 de 12 places, de Tizi n'Berber, assurant la ligne Aokas-Tichy, a aussi été touché dans la course folle des roches qui n'ont pas épargné deux autres véhicules légers. Une Peugeot 207 a été réduite en un tas de tôle. Les roches ont dégringolé d'une hauteur de plus de 600 mètres pour finir sur la deuxième voie de la route. Là était stationnée une Renault Megane, immatriculée à Tizi Ouzou, que nous avons trouvée écrabouillée. Ses occupants, un couple et leur bébé, se sont arrêtés pour un moment de détente. Sous le choc, ils ont été évacués vers l'hôpital d'Aokas pour une prise en charge psychologique. Un ballet d'ambulances, de la Protection civile, du SAMU et de différents établissements de la santé, n'a pas cessé entre les lieux du drame et les structures de santé d'Aokas, Tichy et Béjaïa. Les morts ont été évacués vers la morgue d'Aokas, où un blessé grave a été admis au bloc opératoire. Quatre victimes ont été évacuées vers l'hôpital Khellil Amrane. Selon la cellule de communication du CHU, il s'agit d'un homme de 46 ans, qui présente un traumatisme crânien, un jeune de 21 ans directement orienté au bloc pour fracture du fémur, et 3 autres blessés pour des fractures diverses. Que s'est-il passé ? Selon Rachid Ourabah, le directeur des travaux publics, que nous avons rencontré sur les lieux en compagnie du wali, il s'agirait d'une catastrophe naturelle qu'il n'était pas possible de prévenir. «Il y a une altération de la roche, saturation de tout ce flanc rocheux par les eaux de pluie. Les variations de la température ont aussi leur influence négative. C'est ce qui a causé le décrochage de la grosse roche et entraîné dans sa chute d'autres blocs rocheux», explique, à El Watan, le DTP. Selon lui, la masse rocheuse qui a causé les dégâts se mesure à deux grosses roches de quelque 15 tonnes, et d'autres pesant entre 500 kg et 3 tonnes. Une catastrophe similaire est survenue sur ce tronçon routier d'Aokas en 2005, avons-nous appris auprès de quelques habitants de la ville. Un éboulement, encore plus impressionnant qui a eu lieu à l'entrée du tunnel d'Aokas, heureusement sans perte humaine, parce qu'ayant eu lieu tard dans la soirée. Des experts, dont les Chinois, sont attendus à Aokas, où le ministre des Travaux publics était annoncé pour le début de la soirée.