Les fortes pluies tombées depuis le mois de février ont provoqué des dégâts et des désagréments pour les habitants du quartier Hira Tahar, communément appelé Idjedarène (Akbou). Des murs d'habitations se sont effondrés, et d'autres menacent ruine. Notre virée à ce quartier populaire le plus ancien de la ville d'Akbou, accompagné de l'un de ses résidants, nous fait découvrir non seulement les étroites voies du quartier mais aussi le rude quotidien des dizaines de familles qui y vivent dans la précarité, l'insalubrité et la promiscuité. Le quartier nous offre un décor qui cache mal la misère des centaines d'âmes qui y vivent. Les maisons sont érigées au milieu d'un tissu urbain déjà mutilé par les constructions anarchiques en l'absence d'un plan directeur d'aménagement. C'est une véritable plaie béante au cœur de la deuxième grande ville de la wilaya et l'une des communes des plus riches du pays. Un samedi, alors que le ciel offrait une petite accalmie, nous rendons visite à M. B. Abedelaziz qui habite deux minuscules pièces faites d'argile et d'objets hétéroclites. A travers les murs et le toit, l'eau pluviale s'infiltre sans cesse. Les bâches en nylon, mises en place pour assurer l'étanchéité du toit, gardent encore des poches d'eau pluviale suspendues et qui risquent de se déverser à tout moment sur les têtes de deux écolières qui étalent leurs cahiers au milieu de la pièce. «Le mur s'est effondré, alors que j'étais allongé dans la pièce. C'est grâce à Dieu si je n'ai pas été enseveli», dira le locataire des lieux. «Il s'agit d'un cas social, c'est un malade alité depuis des mois suite à une intervention chirurgicale invalidante», enchaîne notre accompagnateur en soulignant que des dizaines de familles dans le quartier risquent d'être ensevelies sous les décombres et nécessitent leur recasement en urgence. Il nous apprend également que même les appels de secours pour un éventuel recasement n'ont pas eu d'échos auprès des autorités concernées. «Cela fait des années que nous vivons dans cet état sans que les autorités communales ne daignent s'enquérir de notre situation» se plaint une femme. Pas loin de cette habitation qui n'a d'habitation que le nom, une autre famille de huit membres s'entasse dans une pièce humide de quelques mètres carrés. Le toit éventré n'offre plus l'étanchéité et la sécurité aux occupants des lieux. A. H est là depuis des dizaines d'années avec sa famille de huit membres. «Personne ne peut ignorer la dure réalité de ces milliers de personnes», souligne le représentant de l'association du quartier, en déplorant l'absence d'un programme de résorption de l'habitat précaire et le relogement des familles en détresse. «En l'absence d'infrastructures sportives et culturelles pour accueillir les jeunes, ces derniers sont en proie aux fléaux sociaux», a-t-il ajouté. Même les projets d'une salle de soins et d'une salle de sports ont été, dit-il, renvoyés aux calendes grecques. H. F, une cinquantaine d'années, occupe une maisonnette sur le bord du ravin qui traverse le quartier en charriant toute sorte de déchets et d'eau d'égout. «Maintes fois, on a demandé la canalisation de ce ravin, en vain», dira un riverain, en signalant l'affaissement de terrains qui risque de provoquer l'effondrement d'habitations entières. En été, le ravin dégage des pestilences où pullulent les insectes et les rongeurs. En somme, toutes les conditions sont réunies pour adopter un plan d'urgence à même de sauver des vies humaines.