Le gouvernement de gauche de Romano Prodi compte honorer son engagement à contribuer de manière déterminante à renforcer la force internationale de l'Unifil déployée au Sud-Liban, en envoyant, dès aujourd'hui, un premier contingent de 800 hommes vers Naqoura (Liban-Sud). La diplomatie italienne a œuvré avec persévérance et sérieux pour convaincre les Européens de la nécessité de s'impliquer de manière active dans le maintien de la paix entre le Liban et Israël et ses efforts ont été couronnés de succès, à en croire la volonté que plusieurs gouvernements de l'Union européenne ont affichée, affirmant vouloir contribuer à la formation de la force internationale d'interposition. Initialement évaluée à 15 000 hommes, la force internationale de stabilisation devra être composée à moitié par des soldats dépêchés par les pays européens. Selon le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, le secrétaire général de l'ONU serait, toutefois, en pourparlers avec plusieurs pays musulmans qui veulent prendre part à la force internationale. Citant Kofi Annan, avec qui le président du Conseil italien s'est entretenu au téléphone, dimanche, M. Prodi a affirmé qu'il y avait « un accord général afin que des pays musulmans soient présents au sein de la Force ». Il s'agirait de pays de l'Asie, comme la Malaisie, l'Indonésie et le Bangladesh, alors que le Maroc, qui avait déclaré auparavant vouloir contribuer à l'Unifil par l'envoi d'hommes, a fait une spectaculaire marche arrière. A ce stade, seuls les Italiens et les Français se sont engagés, avec une présence lourde dans cette mission militaire, alors que deux grands pays comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont préféré se limiter à offrir leur soutien logistique. L'Italie au risque de faire cavalier seul avait choisi, cette fois, de sortir de la logique du soutien inconditionnel aux USA – que l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi avait cyniquement inauguré et aveuglément suivi – pour entraîner l'Union européenne vers le centre de la politique au Moyen-Orient et en Méditerranée, au grand soulagement des Arabes. Le gouvernement de Prodi, fort de la détermination et de la lucidité de son chef de la diplomatie, Massimo D'Alema, a commencé à recueillir les premiers fruits de son audace en matière de politique internationale, puisque les organisations pacifistes et militant contre la guerre ont salué, le week-end dernier, lors d'une manifestation organisée dans la ville d'Assise (nord de Rome), l'envoi de soldats italiens au Liban. Du jamais vu, lorsqu'on se rappelle comment ces mêmes courants altermondialistes et pacifistes ont failli faire tomber le gouvernement de Prodi, lors des débats parlementaires sur le retrait du contingent italien de l'Irak et son maintien en Afghanistan. Prodi, que l'opposition de droite accuse de faire « du triomphalisme » sur ce front, a déclaré hier que « tout le pays comprend notre intervention au Liban ». Au début du mois de février prochain, lorsque le commandement de l'Unifil 2 passera aux Italiens, l'armée de la péninsule aura déployé en tout 3500 hommes et appareillé cinq unités navales dont le porte-avions Garibaldi au large des eaux libanaises. Cette mission, qui se veut à caractère pacifique, coûtera 250 millions d'euros par semestre au Trésor italien, l'ONU s'étant engagée à rembourser la moitié du montant aux pays qui financent l'Unifil.