Qui paie ses dettes s'enrichit. » Le dicton populaire est valable aussi bien pour une personne que pour un pays. En payant d'une manière anticipée une grande partie de sa dette extérieure, l'Algérie est en train de rétablir un équilibre qui a été rompu il y a de cela une vingtaine d'années par le fardeau de la dette qu'elle a longtemps traîné comme un boulet et qui lui a valu maints déboires résumés en une instabilité chronique et une crise économique et sociale dont elle ne s'est pas encore relevée. Cette dette extérieure, qui avait atteint la valeur triple des recettes des exportations d'hydrocarbures, a montré la fragilité de l'économie nationale. Comme elle a montré la fragilité du système sur lequel cette dernière était basée. Le danger le plus apparent était illustré par le risque de la disparition de l'Etat et l'instauration d'un système féodal et archaïque, une proie facile à une recolonisation qui ne dit pas son nom et qui était préparée par un embargo financier et politique savamment orchestré. Dimanche dernier, l'Algérie a signé son 17e accord bilatéral de remboursement par anticipation d'une partie de sa dette rééchelonnée dans le cadre du Club de Paris pour une somme d'environ 387 millions de dollars due à l'Allemagne. En quelques mois, soit depuis l'accord intervenu avec le Club de Paris le 11 mai dernier, ce sont près de 17 accords de remboursement qui ont été conclus avec 17 pays créanciers avec au total une somme qui dépasse les 7 milliards de dollars. L'échéance fixée avec le club va jusqu'à la fin du mois de novembre. En plus des remboursements anticipés de dettes dues à certains organismes financiers et des négociations qui ont lieu avec le Club de Londres pour le remboursement d'une dette de près de 1 milliard de dollars, l'Algérie devrait ramener sa dette extérieure à environ 5 milliards de dollars d'ici la fin de l'année. Le pays devrait ainsi retrouver une santé financière longtemps perdue et renforcer davantage son crédit au niveau international. La période de ces 20 dernières années, qui a vu le pays débourser environ 120 milliards de dollars, soit en moyenne 6 milliards de dollars par an, et vivre l'une des périodes les plus difficiles de son histoire, devrait être longuement méditée par ceux qui gèrent les finances du pays.