Hier, il n'y avait pas l'effervescence qui prévalait les autres jours sur les ruelles et avenues où s'échangeaient des devises, essentiellement l'euro et le dollar. Le marché parallèle des devises du square Port-Saïd (Alger) a été «fermé» durant toute la journée d'hier. La raison ? Une opération coup-de-poing a été discrètement menée, hier matin, sur ce lieu de vente informelle par de nombreux policiers en civil, qui ont arrêté plusieurs revendeurs. Ces derniers ont été surpris par ces policiers qui, après les avoir cernés, ont saisi les liasses de billets retrouvées sur eux et les ont embarqués à bord de leurs véhicules. Cependant, d'autres cambistes, ayant vite compris l'action menée contre eux, ont pris la poudre d'escampette. Hier, il n'y avait pas l'effervescence qui prévalait les autres jours sur les ruelles et avenues où s'échangeaient des devises, essentiellement l'euro et le dollar. L'image des revendeurs agitant des liasses de billets dans les rues Bachir Azzouz, Che Guevara, Abane Ramdane et au square Port Saïd a disparu. A la place de ces cambistes dont l'activité était pourtant tolérée par les autorités, de nombreux policiers en civil, reconnaissables à leur talkie-walkie, scrutent le moindre geste suspect. Dans le quartier, de nombreux véhicules étaient immobilisés par des sabots ; ils appartiendraient, selon des témoins, aux revendeurs ayant pris la fuite suite à cette opération. Cela étant, une fois sur place, difficile pour nous de connaître la raison ayant conduit à cette opération, apparemment minutieusement préparée par les services de sécurité. Ceux que nous avons abordés pour glaner des informations étaient tous motus et bouche cousue. Il faut dire qu'un climat de peur hante les lieux. Les personnes interrogées hésitaient à nous fournir la moindre information. Seul un marchand du square Port Saïd ose une déclaration : «Les policiers les ont tous arrêtés et embarqués dans des véhicules.» Mais où ont été emmenées les personnes interpellées ? Personne ne le sait. Même ce policier interrogé non loin du lieu de la rafle. Cependant, selon le gérant d'une boutique d'habillement sur la rue Abane Ramdane, «les policiers ont bien fait, au moins ils vont nous enlever leurs déchets». Pourquoi cette opération intervient-elle spécialement maintenant, après tant d'années d'impunité ? Selon une source bien informée, à l'origine de l'opération, une enquête sur un réseau de trafic de fausse monnaie. Des sommes faramineuses en faux billets auraient été récupérées. Une autre source évoque comme raison de l'opération une enquête qui aurait été déclenchée sur les transferts illégaux de capitaux vers l'étranger. Par ailleurs, des ministres ont évoqué récemment une instruction du Premier ministre adressée aux ministres de l'Intérieur et des Finances, leur demandant de prendre des mesures pour éradiquer les marchés informels de devises. Cette instruction fixe comme délai le mois de juillet prochain pour parachever cette opération. En 2012, au temps où il était ministre de l'Intérieur, Ould Kablia avait surpris tout le monde en affichant son indulgence à l'égard des cambistes : «On essaye de combattre ce genre de marché informel de la devise, mais les citoyens y trouvent leur compte. Je ne trouve pas d'inconvénient à ce qu'on les supprime ou qu'on les laisse…»