C'est un ouvrage édifiant que vient de publier à Paris Bernard Sicot, professeur émérite de littérature espagnole contemporaine et spécialiste de la littérature de l'exil et des camps. En mêlant histoire, témoignages et littérature, il fait découvrir l'un des camps d'internement les plus durs implantés en Algérie pendant la Deuxième Guerre mondiale sous le gouvernement de Vichy. De 1939 à 1943, en effet, des milliers d'Algériens, de Français, de Juifs, d'étrangers indésirables de plusieurs nationalités et notamment de républicains espagnols qui avaient fui la répression de Franco, ont été arrêtés et internés en Algérie. A Djelfa, au cœur des hauts-plateaux, un millier de prisonniers ont été détenus de mars 1941 à juin 1943 dans des conditions épouvantables. Certains y ont perdu la vie, victimes de la malnutrition, du froid, de la chaleur, de l'absence de soins et, parfois, d'assassinats. Pour reconstituer cet enfer oublié, l'auteur s'est livré à des recherches approfondies qui lui ont permis de réunir une iconographie démonstrative, des documents irréfutables ou inédits (archives, témoignages de survivants, sources administratives...), ou encore des récits littéraires directement puisés de cette dure réalité. Bernard Sicot avait publié l'édition bilingue du «Journal de Djelfa» du poète Max Aub qui y fut interné de même que «Lettres des camps de concentration» d'un prisonnier catalan. Bernard Sicot. «Djelfa 1941-1943. Un camp d'Algérie». Ed. Riveneuve, Paris, 2015.