Gerard Malgat, docteur en langue et littérature espagnoles et Saliha Zerrouki, docteur d'Etat en littérature espagnole, donneront, aujourd'hui, à partir de 17 h, à l'Institut français d'Alger, une conférence consacrée à l'écrivain français Max Aub (1903-1972). Le destin de Max Aub, né à Paris en 1903 et mort à Mexico en 1972, porte l'empreinte des conflits mondiaux du vingtième siècle. En 1914, le déclenchement de la guerre contraint la famille Aub à s'exiler en Espagne, car son père, Allemand ayant épousé une Française, se voit désigné comme ennemi. Celui qui est encore un enfant surmonte vite le choc de ce premier exil et s'intègre pleinement à son nouveau pays, adopte sa langue et acquiert sa culture. Il en sera tout autrement un quart de siècle plus tard quand, vaincu de la guerre d'Espagne, réfugié dans une France ayant militairement et moralement cédé sous le poids de l'occupation nazie, Max Aub doit quitter l'Europe après avoir cru trouver asile dans son pays natal. En septembre 1942, après deux années de persécution, il embarque pour le Mexique pour un second exil, qui s'avérera définitif. Car en l'espace des trois années, Max Aub est passé du statut de diplomate et de représentant officiel de la République espagnole à Paris à celui « d'étranger indésirable », selon les termes déjà en vigueur à l'époque. Installé de nouveau à Paris depuis février 1939 après avoir dû abandonner Barcelone où il secondait Malraux pour le tournage de Sierra de Teruel, il est arrêté le 5 avril 1940 par la police française. Commence alors une succession d'internements au camp du Vernet d'Ariège (à deux reprises) en 1940 et 1941. En novembre 1941, il est transféré à Alger et interné au camp de Djelfa (...), où il y reste jusqu'en mai 1942. Grâce à un réseau de complicités, il parvient à sortir de ce camp et à rejoindre Casablanca, où il vit caché pendant deux mois avant de pouvoir embarquer pour le Mexique. Pour rappel, Gérard Malgat est instituteur et docteur en langue et littérature espagnoles de l'Université de Paris Ouest Nanterre la Défense. Spécialiste de l'exil républicain, il est auteur de nombreux articles et de deux livres publiés en Espagne : Max Aub y Francia o la esperanza traicionada (Sevilla, Renacimiento, 2007) et André Malraux y Max Aub, La República Española, crisol de una amistad. Cartas, notas y testimonios (1938-1972), Ed. Universitat de Lleida/Pagès Editors. Colección “El fil d'Ariadna", 2011. Alors que Saliha Zerrouki est enseignante chercheur et docteur d'Etat en littérature espagnole à l'université d'Alger-Bouzaréah. Spécialiste algérienne de l'exil républicain espagnol, elle est l'auteure de nombreux articles publiés en Algérie, en Espagne et au Mexique. Elle vient de publier un ouvrage sur l'exil républicain espagnol et Max Aub sous le titre de « Max Aub y el exilio republicano español en Argelia » en espagnol avec sa traduction en français, aux Editions OPU Alger, 2011. Elle dirige actuellement une équipe de recherche sur le même thème.