Le projet de loi sur les violences faites aux femmes a fait sortir de sa léthargie le mouvement associatif féminin. Plusieurs associations, à leur tête le réseau Wassila, ont décidé d'unir leurs forces pour faire pression sur le pouvoir afin qu'il assume ses engagements. La loi contre les violences faites aux femmes, adoptée en mars dernier par l'Assemblée populaire nationale (ANP), n'est toujours pas programmée au Conseil de la nation. Pourtant, le projet a été transmis aux membres de la Chambre haute du Parlement pour débat et approbation. D'aucuns s'interrogent sur sa non-programmation au Sénat alors que la commission des affaires juridiques l'a examinée en présence des experts ? Douze associations, militant pour l'émancipation de la femme, la défense et l'égalité de ses droits, sa protection, l'aide aux femmes et enfants victimes de violences…, s'inquiètent de ce retard et du silence de cette institution et ont envisagé d'agir en interpellant toutes les instances concernées par le phénomène de la violence qui prend de l'ampleur dans notre société. A cet effet, une lettre argumentée et signée par toutes les associations féminines sera adressée aux différentes institutions. Dans cette missive, il sera d'abord demandé au Conseil de la nation de programmer et de voter le plus rapidement cette loi. Il est également détaillé et argumenté les raisons d'une telle urgence. Les signataires expliquent que cette loi a été proposée après les nombreuses demandes des associations pour lutter contre ces violences qui détruisent les femmes et les familles. «Aujourd'hui, notre inquiétude est grande en constatant qu'aucune date n'a été fixée pour son étude, alors que nombre de lois votées par l'APN bien après ont déjà été adoptées par le Conseil de la nation», déplorent ces associations. La violence à l'égard des femmes provoque chaque année des décès, des milliers de blessées, sans compter les traumatisées à vie. «Les femmes attendent cette loi qui les encouragera à se protéger, sinon on est en situation de non-assistance à personne en danger. Des femmes osent maintenant déclarer cette violence, ne pas les prendre en charge, c'est les laisser offertes à l'arbitraire et aux représailles des agresseurs», affirment Mme Djerbal, membre du réseau Wassila. De son avis, et c'est ce qui est mentionné dans la lettre, la banalisation et la grande tolérance de la société face à cette violence ont fait qu'elle est devenue le modèle d'impunité pour toutes les autres formes de violence. Que ce soit dans la famille, à l'école, dans la rue, au travail, la violence contre les femmes provoque des traumatismes profonds, qui compromettent le bon fonctionnement de la famille et de la société. Cette loi, rappelle Mme Djerbal, a pour but de sanctionner les agresseurs, de dissuader les hommes violents, car si cette violence n'est pas prévenue, encadrée par un texte de loi et des mesures concrètes pour l'appliquer, on perpétue et aggrave le désordre social. «Malgré la clause du pardon qui risque d'être obtenu par des pressions sur une victime fragilisée psychologiquement et matériellement par la peur de se retrouver à la rue, nous avons estimé que cette loi est un premier pas pour les victimes, en attendant les mesures concrètes de leur prise en charge», affirment les militantes des droits des femmes. Celles-ci interpellent l'Etat et lui rappellent que la réduction et l'éradication de la violence contre les femmes est de sa responsabilité, avec d'abord une sanction juridique claire, une loi et des mesures d'accompagnement institutionnelles connues et efficaces, effectivement appliquées.