A l'est du pays, la communauté mozabite, massivement implantée dans de nombreuses wilayas, a répondu largement à l'appel de grève des commerces en signe de solidarité avec les victimes des événements de Ghardaïa et aussi pour dénoncer l'impuissance des pouvoirs publics à mettre fin au cycle de violence. A Constantine, les nombreuses boutiques des «B'ni M'zab», situées sur la rue Larbi Ben M'hidi (Trig Djdida), ont baissé leurs rideaux hier, créant la surprise chez la population du quartier et la clientèle nombreuse habituée de ces commerces. Un commerçant, représentant à Constantine, a déclaré à El Watan que cette fermeture exprime la position de la communauté envers ce qui se passe à Ghardaïa. «Ce n'est pas normal. Nos familles meurent chaque jour et aucune solution ne pointe à l'horizon. Il faut une réaction sérieuse des pouvoirs publics pour mettre fin à l'effusion de sang et stopper ce drame qui risque de causer plus de malheurs.» Situation identique à Batna, où tous les fonds de commerce appartenant aux Mozabites ont baissé rideau hier en signe de solidarité avec leurs pairs livrés à la violence dans la vallée du M'zab. Papeteries, quincailleries, textiles et autres magasins de prêt-à-porter étaient tous fermés, sans exception. Une légère déception se lisait sur les visages des clients frappés de surprise en trouvant ces magasins clos. Les commerçants en question, connus pour leur sérieux et leur professionnalisme, ont fait preuve d'une grande discipline, d'humilité et de solidarité. Ils ont en effet baissé les rideaux en collant une affichette sur laquelle est mentionné un même message : «Nous sommes en grève à cause des boucheries génocidaires pratiquées contre les Beni M'zab à Ghardaïa.» Les seuls Mozabites que nous avons rencontrés étaient très jeunes, d'habitude très discrets, ils ont montré cette fois-ci une rare fierté et nous ont informés qu'il s'agit d'une grève dans les 48 wilayas. A Skikda aussi, l'ensemble des commerçants mozabites ont fait grève en signe de protestation contre «les crimes d'extermination qui se commettent contre les Mozabites à Ghardaïa», comme ils ont tenu à le signifier à travers des affiches collées sur les devantures de leurs commerces. Aux Arcades et à l'avenue Ali Abdennour, deux artères connues pour abriter l'essentiel des commerces mozabites, tous les magasins sont restés fermés. Les slogans de cette grève ont également attiré l'attention des passants qui ne cachaient pas leur sympathie envers cette communauté, l'une des plus anciennes et des plus respectées à Skikda. A Annaba, un groupe de jeunes Mozabites a observé, hier, un sit-in devant le siège de la wilaya, avant de se disperser dans le calme, avons-nous constaté sur place. Par cette action, les protestataires entendaient dénoncer l'insécurité dans laquelle vit la communauté mozabite à Ghardaïa. Cette manifestation n'est qu'un prélude à une action d'envergure que veulent déclencher les Mozabites de la wilaya de Annaba pour attirer l'attention des autorités locales et nationales sur le problème de cette population. Ainsi, Sria Abdelaziz, un notable mozabite de Annaba dira : «La communauté mozabite de Annaba observera aujourd'hui vers 10h un sit-in devant le théâtre régional Azzedine Medjoubi, en face du cours de la Révolution, la plus importante place publique de la wilaya. Nous avons eu toutes les autorisations nécessaires pour cette journée de protestation pacifique. Préalablement, tous les commerces de cette communauté baisseront rideau durant la journée.» A indiquer que la communauté mozabite dans la wilaya de Annaba est spécialisée dans les activités commerciales. Elle dispose en moyenne d'une centaine de commerces, toutes activités confondues. Sit-in aussi à Khenchela où des Mozabites protestataires, rassemblés devant le siège de la wilaya, ont condamné tout acte de violence à l'encontre des personnes, ainsi que la destruction des biens publics et privés, à Ghardaïa. Ils ont reproché au pouvoir d'avoir laissé un petit conflit se développer et devenir un problème ethnique d'une extrême gravité. Les citoyens ont exigé l'intervention de l'Etat pour mettre fin à cette déplorable situation qui n'a que trop duré.