Après un courrier adressé le 29 juin 2015 au président du Conseil de la nation, qui n'a vu aucune réponse à ce jour, le Collectif des associations de femmes est revenu à la charge pour déplorer le silence du Sénat. Le mouvement associatif féminin ne lâche pas prise, il multiplie ses actions de sensibilisation pour la promulgation du projet de loi criminalisant les violences faites aux femmes. Hier, les 15 associations regroupées au sein du Collectif des associations de femmes sont revenues à la charge pour déplorer le silence de l'institution présidée par Abdelkader Bensalah. Ce collectif avait adressé, le 29 juin 2015, une lettre détaillée au président du Conseil de la nation, mais n'a reçu aucune réponse à ce jour. Dans cette missive, les représentantes des associations féminines expliquent l'importance de ce texte juridique et soulignent qu'il est l'émanation d'une réelle volonté de changement dans les relations entre les membres de la société, mais surtout entre les hommes et les femmes. Ce collectif a exprimé en outre ses regrets de constater que «les voix traditionalistes qui réclament le droit de battre leurs femmes soient malheureusement, mieux entendues que les cris de détresse de milliers de victimes».Ces associations estiment que «l'Etat a la responsabilité de protéger, de prévenir et de sanctionner les violences à l'égard des femmes. Il ne doit pas délivrer le message d'impunité». Ces femmes n'ont pas caché leurs craintes et leurs inquiétudes quant au sort réservé à cette loi et elles l'ont fait savoir dans la lettre déposée au niveau du Sénat. «Nous sommes très inquiètes de ce silence au vu des oppositions que la loi a rencontrées lors des débats à l'APN. Nous avons exprimé notre appréhension de la voir reportée indéfiniment, alors que des victimes se comptent tous les jours», note Mme Djerbal. Ces associations ne comptent pas se taire, ni baisser les bras, elles continueront à faire pression sur le gouvernement jusqu'à la programmation de ce texte au Sénat et son adoption par les sénateurs. Tous les jours, rappellent-elles, des milliers de femmes sont victimes de violences. Ces animateurs d'associations disent mener campagne depuis des années pour une loi-cadre contre les violences faites aux femmes. «Ce projet de loi constituait, malgré nos réserves sur la clause du pardon, un pas en avant, un jalon utile pour les femmes vers l'égalité promise par la Constitution.» Même si ces associations ont enregistré et pris acte de l'engagement officiel du président du Sénat, lors de la clôture de la session de printemps le 8 juillet 2015, de programmer à la rentrée prochaine toutes les lois non encore débattues au Conseil de la nation, bien que la loi sur les violences faites aux femmes n'ait pas été nommée explicitement. Ces associations restent toutefois vigilantes et mobilisées. «La violence est une atteinte au droit des citoyennes à la sécurité, un droit garanti par la Constitution. Réduire et éradiquer la violence contre les femmes est de la responsabilité de l'Etat et des institutions, avec d'abord une sanction juridique claire, une loi et des mesures d'accompagnement institutionnelles connues et efficaces, effectivement appliquées», affirme le collectif, qui se propose, par ailleurs, de solliciter une audience auprès du président du Conseil de la nation afin que la loi soit rapidement adoptée à la session d'automne 2015 et que la protection des femmes et des familles soit définie et juridiquement assurée au plus tôt.