C'est une semaine très dure pour l'or noir qui erre dans les turpitudes d'un marché atone, plombé par une production record et une demande restreinte. Les prix n'en finissent plus de se contracter et sont revenus, désormais, au niveau qu'ils avaient atteint lors du creux de la crise financière de 2008-2009.» Tel est le constat que font les observateurs qui scrutent, depuis quelques semaines, l'évolution des cours du pétrole. Une évolution marquée par des prix qui ont connu, depuis juillet dernier, 7 semaines consécutives de baisse, atteignant hier, pour le WTI (américain) les 42 dollars, son plus bas niveau depuis plus de six ans et, pour le brent européen, les 48,85 dollars le baril, un prix correspondant également aux plus bas annuels. Selon les experts, la tendance baissière des prix, ces dernières semaines, s'explique par le déséquilibre entre la demande et l'offre sur le marché de l'or noir, avec une offre bien supérieure à la demande depuis de nombreuses semaines. «L'excès d'offre mondiale par rapport à la demande s'établit désormais entre 1,5 et 2 millions de barils par jour et peut justifier un baril entre 45 et 50 dollars», soulignent les spécialistes. Dans son dernier rapport, publié la semaine dernière, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a indiqué que le prix moyen du «panier OPEP» a perdu 10% de sa valeur, en juillet, en lâchant plus de 6 dollars à 54,19 dollars. Selon le même rapport, le cours moyen du Sahara blend algérien est passé de 61,69 dollars en juin à 56,35 dollars en juillet, perdant ainsi 5,35 dollars en un mois. Une baisse que l'Organisation explique par les pressions que fait subir «la surabondance de l'offre sur les marchés, la vigueur du dollar et les problèmes enregistrés par les économies des deux plus gros consommateurs de pétrole au monde, à savoir la Chine et les Etats-Unis». Néanmoins, en matière de consommation, l'Organisation qui se réfère à certains signes de reprise des économies des principaux pays consommateurs, table sur une hausse de la demande en 2015, estimant que «la demande de pétrole brut devrait continuer à s'améliorer dans les mois à venir, et réduire ainsi graduellement le déséquilibre entre offre et demande». Pour 2016, l'OPEP évoque, également, une accélération de la demande de l'ordre de 1,34 million de barils/jour (mb/j) en raison d'un rebond prévu de la croissance mondiale à 3,5% contre 3,2% cette année. C'est la même analyse, d'ailleurs, qu'en fait l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a relevé fortement, elle aussi, ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour 2015 et 2016, en mettant en avant la reprise de la croissance économique et les prix bas du brut. Cependant, cette hausse sur la demande, la plus forte en 5 ans, «ne suffira pas à rééquilibrer le marché pétrolier qui continuera de souffrir d'une offre excédentaire jusqu'à la fin de l'an prochain, en dépit d'une diminution de la production des pays non-OPEP», fait remarquer l'Agence. Pour sa part, la Banque mondiale (BM) a estimé, dans un autre rapport, que le retour plein et entier de l'Iran sur le marché du pétrole aura pour effet, à terme, «d'accroître d'environ un million de barils la production journalière de pétrole, réduisant l'an prochain de 10 dollars le prix du baril». Au final, les analystes affirment que le déséquilibre offre/demande perdurera encore de longues semaines, ce qui confirme l'orientation baissière du baril à court et moyen termes : «En gros, tous les éléments à l'origine de la baisse de plus de 20 dollars, enregistrée depuis un mois et demi, continuent à peser sur le marché. On ne voit toujours aucun signe d'une amélioration prochaine de la surabondance de deux millions de barils par jour sur le marché mondial», résume Gene McGillian, analyste au cabinet Tradition Energy. Dans une telle situation, si l'OPEP refuse d'intervenir pour arrêter l'effondrement des cours, la dernière chance pour une stabilisation serait un affaiblissement du dollar, notent encore les analystes.