Le pétrole accentuait son repli hier en Asie, miné par la surabondance de l'offre mondiale, le gonflement des réserves et la déprime des Bourses chinoises, selon des courtiers. Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre cédait 43 cents à 46,96 dollars tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance perdait 55 cents à 52,92 dollars. "Etant donné la détermination des pays et des entreprises producteurs de pétrole à maintenir leur niveau d'offre, voire à l'augmenter, il est probable que nous n'ayons toujours pas touché le fond", estime Michael McCarthy chez CMC Markets. Le marché, qui s'était stabilisé autour de 60 dollars le baril au cours du printemps, poursuit ainsi sa rechute entamée début juillet et se rapproche de ses plus bas niveaux depuis six ans, qu'il avait atteint en mars sous les 45 dollars. Le marché, selon lui, pâtit du fait que les producteurs "n'utilisent pas le levier de l'offre pour répondre à un effritement de la demande", continuant à pomper pour préserver leur avantage commercial ou parce qu'ils font le pari d'un futur relèvement des cours qui leur permettra de vendre à bon prix le brut aujourd'hui excédentaire. Les Etats-Unis produisent à plein régime alors que la demande ne suit pas et les réserves ne cessent de gonfler. Selon les estimations de l'agence Bloomberg News à la veille du rapport hebdomadaire du département de l'Energie, les réserves de brut américaines ont encore augmenté de 700 000 barils la semaine dernière. Les investisseurs s'inquiètent également de la chute des Bourses en Chine, premier pays consommateur d'énergie au monde, où Shanghai a perdu 8,5% lundi et cédait encore plus de 3% mardi en séance après avoir ouvert en recul de plus de 5%. Le régulateur chinois a pourtant assuré lundi soir qu'il allait continuer sa politique de rachat d'actions pour tenter d'endiguer la débâcle des marchés boursiers dans la deuxième économie mondiale. La veille, les cours du pétrole ont baissé pour la quatrième séance consécutive, la chute des Bourses chinoises alimentant la déprime d'un marché en rechute depuis le début du mois. Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre, qui baisse désormais de façon ininterrompue depuis une semaine, a perdu 75 cents à 47,39 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a reculé plus lourdement de 1,15 dollars à 53,47 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Le marché, qui s'était stabilisé autour de 60 dollars le baril au cours du printemps, poursuit ainsi sa rechute entamée début juillet et se rapproche de ses plus bas niveaux depuis six ans, qu'il avait atteint en mars sous les 45 dollars. "Pour le moment, le marché continue à chercher un plancher", a résumé Gene McGillian, de Tradition Energy. Lundi, les investisseurs se sont surtout inquiétés de la chute des Bourses en Chine, où la place de Shanghai a perdu 8,5% et souligné ainsi les limites de l'action gouvernementale pour restaurer la confiance des investisseurs dans la deuxième économie mondiale. Cette chute a provoqué "une baisse des cours des matières premières à travers le monde, par crainte qu'elle affaiblisse la demande en Chine", deuxième consommateur mondial de pétrole, a noté Tim Evans, de Citi.
Déséquilibre physique "Les craintes au sujet de la demande s'insinuent sur le marché", déjà préoccupé de longue date du niveau excessif de l'offre, a commenté M. McGillian. "On s'inquiète (...) des niveaux sans précédent de production à travers le monde." A ce titre, les investisseurs restent déprimés par l'annonce en fin de semaine dernière d'une nette progression des puits de pétrole en activité aux Etats-Unis, selon le décompte hebdomadaire établi par le groupe privé Baker Hughes. Avec 21 unités en plus la semaine dernière, ce chiffre a monté "de façon conséquente", a jugé Carl Larry, de Frost & Sullivan. "Peut-être va-t-on voir la production augmenter ou rester stable lors des prochains mois, et non baisser fortement comme on le pensait." Toutefois, "les décisions de déployer plus de puits de forage ont été certainement prises lorsque le WTI s'échangeait autour de 60 dollars le baril en mai et juin", ont relativisé les analystes de JBC Energy. "La réaction face à la dernière baisse des prix est à venir." Désormais, "le pétrole brut pourrait faire partie des matières premières sensibles aux développements macroéconomiques de la semaine, dont la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale mardi et mercredi, et la première estimation du produit intérieur brut (PIB) américaine jeudi", a prévenu M. Evans. Même si ces éléments peuvent faire varier dans un sens ou l'autre les cours à court terme, "on gardera en tête que l'équilibre physique du marché est toujours défavorable, et devrait le rester tant que la production l'Organisation des pays exportateurs de pétrole maintiendra en l'état sa production ou continuera à l'augmenter", a-t-il conclu. L'Opep a maintenu inchangé son plafond théorique de production à 30 millions de barils par jour (bpj) en juin, même si son offre est dans les faits plus élevée, et le marché craint que l'accord conclu le 14 juillet sur le nucléaire iranien aggrave encore la surabondance de pétrole.