Comme convenu, ce 15 août, à Hammam N'bails, commune située à une quarantaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya de Guelma, notre guide nous prend en charge pour nous faire visiter les piscines naturelles d'El Guelta Ezarga. Un site paradisiaque où se mêlent montagnes majestueuses escarpées, mechtas verdoyantes et ombragées auxquelles nous accédons, après 19 kilomètres de chemin communal, pour déboucher à la mechta Aïn Echoug, lieu où tout véhicule est contraint de se garer pour emprunter un chemin rocailleux à travers la mechta pour El Guelta Ezarga. En effet, au gré de la marche, une première, puis une plus grande piscine s'offrent à nos yeux, féériques, au creux de cette montagne. «Il est rare d'entendre et de contempler en plein mois d'août le ruissellement d'eau de source et encore moins une cascade d'eau fraîche et limpide dans nos régions», nous fait savoir notre guide. Haute d'une trentaine de mètres, une cascade d'eau fraîche et limpide nous apparaît dans ce dédale de rocs alimentant une grande et profonde dépression de forme ronde. «Nous sommes aux frontières naturelles avec la wilaya de souk Ahras. Nous sommes sur le territoire de Arch Lamchâlaa !» nous fait savoir notre guide, lui-même natif de cette belle contrée. Après quelques minutes de silence et de contemplation, des voix de gamins nous parviennent du haut de la cascade. «Il n'y a rien à craindre, ce sont des jeunes de la mechta qui viennent nager dans la piscine du niveau supérieur», nous rassure notre guide. En effet, nous l'aurons deviné, El Guelta Ezarga est une source qui alimente non pas une piscine naturelle, mais deux autres cuvettes situées à des étages différents mais difficiles, voire dangereuses d'accès pour les novices de l'escalade en montagne. Depuis le mois du Ramadhan, l'apc de hammam N'bails a planté plusieurs panneaux d'interdiction où l'on peut lire : «Eau potable, interdiction de nager à proximité du site». «Cela fait plusieurs années que El Guelta Ezarga reçoit des jeunes et moins jeunes de la région et même des communes voisines qui viennent ici pour s'y baigner. Il y a eu des plaintes. Cette eau est captée pour alimenter les agglomérations en aval de la mechta», s'exclament quelques jeunes habitués à faire trempette. Bien évidemment, il n'y a pas que la cascade et les piscines naturelles dans ce lieu majestueux. Des vergers d'orangers, figuiers et grenadiers et des fontaines plantées face aux monts Kalaât El damous et El hamra sont des sites chargés d'histoire et de légendes. «L'existence d'un trésor inestimable dans une des grottes de notre montagne se perpétue de grand-père, en peti-fils depuis des centaines d'années», nous révèlent des fellahs. Notons aussi la présence de vestiges romains et d'inscriptions antiques. Dans un autre volet de l'histoire de cette région, des autochtones nous affirment que 14 moudjahidine ont été ensevelis avec leurs armes, munitions et provisions par l'armée coloniale dans une grotte de montagne. Une stèle à leur mémoire devrait y être érigée, nous dit-on.