C'est ce qu'a estimé en fin de journée d'hier son premier secrétaire, Mohamed Nebbou, lors de son discours d'ouverture en présence de quelque 400 participants. La lecture que fait le FFS de la situation économique et politique de l'Algérie présente un pays qui «passe un cap périlleux». L'Algérie «doit faire face à des contraintes financières majeures, elle continue de s'enliser dans le marasme économique. Le mécontentement populaire ne cesse de monter, de même que les risques de conflits à l'occasion de la rentrée sociale», a déclaré Mohamed Nebbou, qui relève que «l'aspiration populaire de changer la vie, de changer le système et de changer la société grandit». «Tous les signaux sont au rouge», alerte-t-il, suggérant que «la lucidité devrait exclure le maintien de la situation (…), d'autant que des forces politiques et sociales travaillent à nous faire renier les valeurs et les principes primordiaux qui fondent la nation et la société algériennes». L'alerte du FFS sur le danger extérieur est réitérée, mais pour le premier secrétaire du FFS, «la menace ne vient pas que de l'extérieur, mais nous investit dans notre vécu quotidien à travers différentes régions du pays». D'où le «rôle de prise de conscience, de clarification, de sensibilisation et de mobilisation de l'opinion» que le parti donne à la communauté universitaire à laquelle est dédiée cette université d'été. Mais, constate l'orateur, «la militance, l'engagement au sein de l'université ne sont plus ce qu'ils étaient», réduits par la force du «rouleau compresseur de la répression, de la crise, de la normalisation et de la dépolitisation». Un rouleau compresseur qui a fini par «éloigner la jeunesse en général et la jeunesse universitaire en particulier des luttes politiques». Nebbou espère voir les travaux de l'université d'été de son parti «revivifier le débat politique et social au sein de nos universités et du pays». En attendant que les analyses et les positions du FFS à propos de «la situation politique, économique, sociale et culturelle soient précisées à l'occasion de la prochaine session» du conseil national du parti, Mohamed Nebbou avance «ses idées». Il estime que «les solutions à la crise actuelle exigent une cohésion sociale forte, fondée sur un consensus sur les grandes options nationales ; ce qui implique un débat national, une conception véritable sur les sujets stratégiques et un audit sérieux de la situation économique et sociale dans le pays». L'orateur ne s'attarde pas sur le mot d'ordre du «consensus national» cher au FFS, dont le rendez-vous de la conférence nationale est évité cette fois-ci. A l'occasion de l'université d'été 2014, Mohamed Nebbou avait souhaité voir se tenir cette conférence «avant la fin de l'année». Pour compléter le propos succint de la déclaration lue, le premier secrétaire du parti a ajouté, hier, en lisant un écrit, que le FFS tient à la reconstruction du consensus national. «Le débat politique sur les institutions et sur l'Etat de droit est fondamental ; il ne saurait être ni éludé ni contourné au prétexte d'une situation économique, financière et sociale dramatique», considère-t-il. Nebbou voit en l'attitude du pouvoir qui a «longtemps tergiversé» une volonté «d'escamoter le débat politique». «Or, dans la situation actuelle, le politique prime sur l'économique et le financier, même si les réalités dans ces domaines doivent être appréhendées avec lucidité, pragmatisme et courage», soutient-il. Que le pouvoir explique la crise économique comme une incidence directe de la déprime du marché du pétrolier, cela relève d'une «contrevérité», juge Nebbou, qui voit que «les réponses apportées à cette crise ne sont que des mesures conjoncturelles, qui ne visent qu'à donner le change à l'extérieur et à jouer les pompiers à l'intérieur». Considérant que «sur le plan intérieur, le pouvoir tente de reprendre la main» en comptant sur les «circuits traditionnels, CNES, tripartite, collectivités locales éventuellement» et en faisant dans la «déconcentration des problèmes dans les wilayas», l'orateur estime que c'est «peine perdue tant qu'il n'y a pas de concertation, de dialogue social réel et de décentralisation véritable». «Je suis convaincu que le pouvoir ne s'en sortira pas avec les méthodes déjà mises en œuvre par le passé. C'est trop peu et trop tard. Le pays est toujours en attente de changements réels (…). Le pouvoir est en panne d'une vision et d'un projet d'avenir», lance Mohamed Nebbou. La sortie de crise passe, selon lui, par la reconnaissance des dirigeants et des gouvernements du pays de «leur responsabilité dans la crise actuelle».