Contrairement à l'idée complètement fausse (que la presse a grandement participé à fabriquer) selon laquelle l'Europe occidentale est assiégée de partout et qu'elle est envahie par des Arabes du Proche-Orient et les Subsahariens, le nombre de réfugiés syriens, qui ont pu accéder à l'espace Schengen depuis que leur pays est ensanglanté par la guerre financée par les pétrodollars saoudiens et qataris, est insignifiant. S'ils étaient nombreux, en 2011, à soutenir financièrement et même militairement les révoltes arabes, les pays occidentaux rechignent, en revanche, aujourd'hui à assumer une part des dommages collatéraux que celles-ci ont occasionnés. La guerre par procuration qu'ils mènent par exemple avec leurs alliés saoudien et qatari en Syrie a déjà jeté sur les routes près de 3 millions de réfugiés. Sur ces 3 millions, 80% d'entre eux vivent au Liban, en Jordanie et en Turquie. Le Liban a accueilli, à lui seul, un million de réfugiés syriens. Plutôt que de suivre ce mouvement de solidarité, l'Union européenne (UE) a pris l'option au contraire de claquer la porte au nez des malheureux syriens et donc d'ignorer leur drame. Et contrairement à l'idée complètement fausse (que la presse a grandement participé à fabriquer) selon laquelle l'Europe occidentale est assiégée de partout et qu'elle est envahie par des Arabes du Proche-Orient et les Subsahariens, le nombre de réfugiés syriens qui ont pu accéder à l'espace Schengen depuis que leur pays est ensanglantée par la guerre financée par les pétrodollars saoudiens et qataris est insignifiant. Il ne dépasse pas les 150 000. Gardons à l'esprit que l'UE, c'est tout de même 28 pays. Pour justifier la transformation de l'UE en citadelle infranchissable et son refus d'accueillir davantage de réfugiés, certaines capitales occidentales mettent en avant une foule de «raisons». Elles évoquent en premier lieu le chômage causé par la crise économique et la «crainte» qu'un afflux massif d'étrangers ne provoque une montée de l'extrême droite européenne. En clair, la politique et les calculs électoraux passent avant l'humanitaire. Dans le cas des réfugiés syriens, il apparaît même que les opinions sont aussi contre leur venue. En Hongrie, les gens disent ouvertement et sans complexe aucun qu'ils ne veulent tout bonnement pas de musulmans sur leur territoire. Il est peu probable, eu égard à tous ces éléments, que la photo du corps sans vie du petit migrant syrien Aylan, retrouvé sur la plage de Bodrum en Turquie, provoque un changement radical dans la politique de l'Union européenne. Cette photo — qui a ému le monde — aura tout juste réussi à arracher la promesse à certains dirigeants européens trop gênés par leur passivité coupable de faire preuve à l'avenir d'un peu plus de compassion à l'égard des Syriens. C'est le cas, par exemple, du Premier ministre britannique, David Cameron, qui a annoncé ce week-end le déblocage d'une aide de 100 millions de livres (137 millions d'euros) pour faire face à la crise humanitaire entrainée par l'exode des Syriens. Londres n'a, rappelle-t-on, octroyé l'asile qu'à… 219 Syriens en un an et demi. Mis à part cette sortie, il n'y a rien eu de concret. Il n'y a rien, car la plupart des capitales occidentales ne veulent rien entreprendre et ne veulent surtout pas se mettre à dos leurs opinions. L'UE fuit ses responsabilités Face à ce silence aussi troublant que scandaleux, le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, a encore demandé hier aux Européens de se partager l'accueil de quelque 200 000 personnes, précisant que tous les membres de l'UE devaient avoir l'obligation de répondre à cette «crise massive». «Il faut une réponse exceptionnelle» face à une «crise massive», a déclaré M. Guterres, lors d'une conférence de presse à Genève, aux côtés du secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland. L'Allemagne, qui s'attend à recevoir un nombre record de demandes d'asile cette année, et la France ont estimé qu'il fallait mieux répartir les réfugiés au sein de l'UE. La chancelière allemande, Angela Merkel, a même évoqué la nécessité de mettre en place un système de «quotas contraignants». Mais cette proposition est déjà rejetée en bloc par Paris qui ne veut absolument pas entendre parler de quotas. En somme, le consensus européen sur la question des réfugiés syriens ne sera pas facile à construire. Surtout que personne n'en veut réellement. Comme pour beaucoup de sujets importants mais qui n'intéressent néanmoins pas l'Europe au premier chef, il est fort à parier que les décideurs européens finiront par noyer le débat sur la misère des Syriens. Et il n'y aura personne pour s'en émouvoir. C'est du cynisme à l'état pur.