Wilaya de l'intérieur du pays, Sétif recèle d'innombrables sites touristiques d'une valeur inestimable. Trônant à plus de 1700 mètres d'altitude, le mont Megres, situé à 20 kilomètres d'Aïn Fouara, est en hiver le lieu de prédilection des adeptes de ski, d'évasion, de pique-nique et d'oxygénation le reste de l'année. Par sa richesse biologique, la forêt des babors (2367 hectares) est une réserve naturelle d'une beauté sublime. Abritant des espèces rares et endémiques tels la sittelle des Babors et le sapin de Numidie, la forêt fait partie des meubles de ces magnifiques monts des babors culminant en certains points à plus de 2000 mètres. Fief des civilisations anciennes, Djemila (ex-Cuicul) est l'autre attraction des hautes plaines sétifiennes où les stations thermales de Hammam Guergour, Hammam Soukhna, Ouled Yeles, Hammam Boutaleb, connues et reconnues pour leurs eaux chlorurées sodiques, boostent les potentialités touristiques d'une wilaya pléthorique en patrimoine archéologique et sites naturels originaux. Méconnues du grand public, les cascades d'Ouled Ayed qui n'ont pas leur pareil sont l'autre merveille d'une région, courroie entre le nord méditerranéen et le sud saharien, deux étapes touristiques de renom. Pas faciles d'accès, les chutes précitées se trouvant à trois kilomètres d'oued El Berd, chef-lieu de commune situé à 50 km au nord-est de Sétif, ne laissent pas indifférent leurs visiteurs. Subjugués par un paysage à l'état pur et sauvage, les hôtes des lieux n'en croient pas leurs yeux. En dépit des chemins sinueux pour y accéder, l'espace, qui a tant souffert des exactions de tangos des années durant, est à la fois hospitalier et accueillant. La splendeur du site vous fait oublier les désagréments causés par ces chemins escarpés. Avant de poser le pied en ces lieux enchanteurs, le randonneur est obligé d'avaler 3 kilomètres d'une route étroite et éventrée. Abandonnées par leurs habitants martyrisés par les terroristes ayant écumé les lieux, des centaines de maisonnettes vides témoignent des moments difficiles vécus par la région où le calme et la quiétude reprennent le dessus, et ce, grâce au combat des patriotes et des forces de sécurité, principalement l'armée omniprésente en ces lieux désormais sécurisés. En arrivant à bon port, le visiteur qui doit dénicher un endroit pour garer son véhicule oublie vite les désagréments de la route. Bien entretenu par des jeunes débordant de vitalité, l'endroit n'a rien à envier aux cascades sous d'autres cieux où le tourisme est une industrie rentable. Agrémentés par une pépinière, des fast-foods proposent des brochettes dont les effluves donnent une autre saveur à l'endroit où l'eau est glacée en cette période des grandes chaleurs. Pour bien profiter de l'espace se trouvant à cinq minutes (vol d'oiseau), des monts babors, on doit escalader des escaliers exigeant du souffle et une bonne condition physique. «Il est navrant qu'un site aussi magnifique en mesure de créer de la richesse et de l'emploi ne bénéficie pas de l'attention des autorités locales et des chargés du secteur du tourisme. Pour permettre à la commune d'engranger des recettes substantielles, il suffit de réhabiliter le réseau routier, créer un parking, installer un poste de la protection civile et des gîtes de repos, tout en préservant l'environnement naturel. Destination de prédilection de centaines de visiteurs, qui viennent chaque jour des quatre coins du pays et de l'étranger pour s'y ressourcer et chercher la fraîcheur, l'endroit a besoin d'une véritable prise en charge des pouvoirs publics, interpellés plus que jamais. En outre, on doit savoir que le week-end le lieu pouvant créer au bas mot plus de 100 emplois est noir de monde», dira Amine, un amoureux de l'espace, ayant tenu à le faire découvrir à des cousins venus de France : «Devant un tel décor, on reste sans voix. Pour exprimer nos sentiments, les mots nous manquent. On n'a pas besoin du béton pour rentabiliser cet espace paradisiaque mais d'idées simples en mesure de le valoriser. Dépourvu de la moindre commodité, l'endroit accueille comme vous le constatez des centaines de visiteurs ne demandant que le strict minimum. Celui-ci peut se résumer en un espace de jeux pour enfants, un coin de repos pour les familles et des équipes de jeunes devant veiller sur sa propreté et sa protection», diront Mounir, Salma, Serine et Fateh, les compagnons d'Amine. De leur côté, les enfants d'oued El Berd alimentant, faut-il le rappeler, une bonne partie de Sétif de l'eau potable, abondent dans le même sens : «Les cascades d'ouled Ayed peuvent donner un grand coup de fouet au développement de la région qui a souffert des exactions des terroristes. Pourvu que les autorités locales, à leur tête le wali qui s'est déplacé dernièrement sur les lieux tiennent les engagements pris. On ne demande pas la lune, mais un plan d'aménagement du site qu'on doit non seulement protéger et préserver, mais classer dans la rubrique du patrimoine touristique national. Avec ses chutes d'eau, la montagne, la végétation sauvage, une nature à couper le souffle, l'endroit dispose d'innombrables atouts devant faire de lui une destination touristique de premier plan. Avec la chute du prix du pétrole, le moment est donc venu pour faire du tourisme un secteur stratégique. Les cascades d'ouled Ayed sont en mesure de drainer des milliers de touristes d'Algérie et d'ailleurs. Pour ce faire, il suffit de la volonté et de l'engagement des pouvoirs publics qui doivent nous aider à montrer l'autre visage de notre belle région qui revient à la vie. En valorisant le site, l'économie de la région qui attend le raccordement au gaz naturel, une commodité des temps modernes, n'en sera que bénéficiaire», diront non sans une pointe amertume des jeunes de la région, ayant décidé de faire, vaille que vaille, de ces belles et magnifiques cascades une source de richesse et d'emplois…