Vérité et justice ! Aujourd'hui, comme durant les dernières années de la guerre d'Algérie, le mot d'ordre reste d'actualité alors qu'on commémore le 54e anniversaire de la manifestation algérienne réprimée dans le sang à Paris le 17 octobre 1961. La nécessité de la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans ces «ratonnades» est au-delà d'une simple exigence morale car «on ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations», comme l'écrivent les signataires appelant à un rassemblement ce soir à Paris. Le plus significatif des rassemblements en France se déroulera au pont Saint-Michel, à 17h30, en présence de personnalités, dont Anne Hidalgo, maire de Paris, sur le quai où une plaque avait été apposée par l'ancien maire de la capitale française, Pierre Delanoë, le 17 octobre 2001, quarante ans après la répression violente contre des Algériens qui avaient bravé, à mains nues, le couvre- feu pour revendiquer leurs droits à l'égalité et à l'indépendance. Des milliers d'Algériens avaient été malmenés violemment sur ordre du préfet de police de l'époque, Maurice Papon, alors qu'on ne savait pas encore qu'il avait été l'un des rouages des arrestations de juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Les Algériens furent arrêtés, emprisonnés, parqués dans le Vél' d'Hiv de sinistre mémoire, dans des conditions abjectes, torturés, certains renvoyés en Algérie. Les femmes, elles aussi, subirent, le lendemain, la vindicte policière. Pour la création d'un lieu de mémoire Au total, des centaines de personnes perdirent la vie, victimes d'une brutalité policière extrême. Certains furent retrouvés dans la Seine, sans que l'on en connaisse vraiment le nombre, minimisé par les autorités. Puis ce fut le mensonge d'Etat et le silence qui dura des décennies malgré les militants et des historiens qui maintenaient une lueur commémorative. Jusqu'à une première étape prometteuse du maire de Paris en 2001 puis en octobre 2012, lorsque le président socialiste Hollande, élu depuis six mois, fit une déclaration malgré tout mesurée : «Le 17 octobre 1961, des Algériens, qui manifestaient pour le droit à l'indépendance, ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes.» Comme le signale l'appel du collectif à se rassembler à Paris, ces propos du chef de l'Etat français ne reprenent pas le terme de crime, que pourtant, durant 50 ans, les historiens ont largement démontré. Quant à la responsabilité de l'Etat, rien ne transparaît. «Après un demi-siècle, il est temps que le président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d'Etat ; que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l'internement arbitraire, pendant la guerre d'Algérie, d'Algériens dans des camps ; que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l'abandon des harkis, les massacres et l'enfermement dans les camps en France en 1962…» Les signataires souhaitent que «la création d'un lieu de mémoire voué à cet événement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l'Etat, de la ville de Paris et la région Ile-de-France». A Saint-Denis, en souvenir d'une lycéenne Aujourd'hui à 11h, un rassemblement aura lieu place du 17 Octobre, à la gare Saint-Denis. On procédera à l'inauguration d'un parc à la mémoire de Fatima Bedar, lycéenne retrouvée morte dans le canal de Saint-Denis.