Que deviennent les banlieues françaises dix ans après les émeutes qui ont fait le tour de monde ? Qu'ont fait les gouvernements français successifs pour améliorer le quotidien des millions de personnes qui vivent dans ces territoires situés à la périphérie de Paris et des grandes villes ? Que sont devenues les promesses faites en 2012 par François Hollande ? Des questions restées sans réponse. Dix ans sont passés depuis les émeutes des banlieues françaises. Les images de bâtiments et de voitures brûlés ont fait le tour du monde ce 27 octobre 2005, donnant de la France l'image d'un pays en guerre. Cette journée restera à jamais gravée dans la mémoire collective française. C'est une tache noire pour l'Etat français qui a dépêché des policiers antiémeute pour mettre fin à ce qui s'apparentait à un soulèvement social et populaire. Plusieurs milliers de jeunes de Clichy-sous-Bois (une banlieue de la Seine-Saint-Denis) sont sortis dans la rue pour crier leur désespoir et protester contre la mort de deux jeunes adolescents électrocutés par un transformateur électrique alors qu'ils étaient poursuivis par la police. Zyad Bana, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, sont tombés en martyrs de la banlieue, selon ses habitants, alors que les policiers mis en cause n'ont pas été inquiétés.Trois semaines d'affrontements entre les jeunes et la police ont suffi pour donner de la France une image d'un pays en guerre. Il aura fallu au gouvernement de l'époque d'imposer, le 1er novembre 2005, un état d'urgence dans plusieurs cités populaires en flammes pour que les incidents et les affrontements s'arrêtent. C'est d'ailleurs la première fois que l'Etat français impose ce genre de mesure depuis la fin de la guerre d'Algérie en 1962. Mais comment est aujourd'hui la situation dans ces banlieues ? Quelles images renvoient-elles ? Qu'est-ce qui a vraiment changé ? L'espoir, tant attendu et rêvé est-il retrouvé ? Autant de questions auxquelles un sondage mené par la société Sodexa a répondu. Les réponses ne sont pas toujours en fonction des attentes. On découvre d'emblée que l'image des banlieues n'a pas évolué d'un iota auprès de la majorité des Français. Ces derniers continuent encore à voir ces territoires avec les mêmes préjugés et les mêmes idées reçues. François Hollande n'a pas tenu ses promesses A titre d'exemple, 62% des sondés pensent que les habitants des banlieues, en premier, «les Maghrébins et les Africains se comportent mal et ne respectent pas les autres». Ce pourcentage grimpe à 78% chez les sympathisants de droite contre 48% chez les militants de gauche. Par ailleurs, 68% des Français ont estimé que l'Etat n'a pas fait grand-chose pour améliorer la vie quotidienne des habitants. Et même si les discours ont changé, il n'en demeure pas moins que les Maghrébins et les Africains sont ceux qui souffrent le plus du chômage, de l'exclusion et des discriminations en tous genres. Venu avec beaucoup de promesses, François Hollande, pour lequel les banlieues ont voté à 95% en mai 2012, n'en a tenu aucune. Pas de vote des étrangers aux municipales, ni de projets économiques de grande envergure. A peine quelques visites furtives çà et là, mais sans grandes actions concrètes sur le terrain. Cette volte-face du président français a poussé de nombreux habitants de ces territoires oubliés à se détourner des partis de gauche, notamment le Parti socialiste dont 14% seulement disent lui faire encore confiance. Les jeunes semblent croire de plus en plus au Front national capable, selon 32% des sondés, de changer l'image des banlieues et de redonner espoir. Ce n'est un secret pour personne si Marine Le Pen «drague» de plus en plus les populations d'origine immigrée, après les avoir brocardées et fustigées. Prévues en décembre prochain, les élections régionales devraient redessiner la carte sociale et économique des banlieues, où réside pourtant l'avenir de la France.