C inq projets de réalisation de centres hospitalo-universitaires (CHU) seraient gelés. Ils devaient être réalisés à Alger, Constantine, Ouargla, Tizi Ouzou et Tlemcen, selon les différentes informations relayées par la presse. Pas moins de neuf nouveaux CHU devaient être réalisés d'ici 2017, selon Lazhar Bounafaâ, directeur de l'Agence nationale de gestion des réalisations et d'équipement des établissements de santé (ARES). Une enveloppe de 400 milliards de dinars devait être allouée à ces projets qui devaient faire partie d'un programme de 1000 milliards de dinars visant à réhabiliter le secteur et augmenter les capacités d'accueil des malades. Officiellement, le ministre du secteur a expliqué que le gel n'a rien à voir avec l'austérité, mais plutôt à une surévaluation des coûts par les entreprises de réalisation soumissionnaires à l'appel d'offres. Difficile, cependant, de ne pas faire le lien avec la conjoncture actuelle, d'autant que c'est un secteur où l'intervention de l'Etat est considérable. Les dépenses totales de santé ont progressé ces dernières années, pour passer de 4,2% du PIB en moyenne, sur la période 2000-2004, à 5,2% sur la période 2010-2014, selon la Banque mondiale. Les dépenses par habitant ont quasiment triplé. Mais l'essentiel de ces dépenses est encore porté par le Trésor public quand la part des ménages et de la sécurité sociale a reculé (voir graphe). La part de l'Etat (Trésor+CNAS+Casnos) dépasse aujourd'hui les 80% (près de 85% au cours du dernier quinquennat, selon la BM), alors que la moyenne mondiale se situe quant à elle autour de 60% avec une tendance à la baisse ces dernières années. En Algérie, 50% des dépenses de santé étaient assumées par le Trésor en 2011 contre à peine un peu plus du tiers dix ans plus tôt. En revanche, comme le note l'économiste de la santé Brahim Brahimi, les caisses de sécurité sociale participent de moins en moins au financement du fait «du faible taux de cotisation». Selon lui, le taux de cotisation réel des deux caisses de sécurité sociale (CNAS et Casnos) atteint à peine les 11% quand il est supposé être autour de 25%. Contrairement à d'autres secteurs, celui de la santé est directement impacté car utilisant «des inputs importés que sont les équipements médico-techniques (scanners, radiologie, instrumentation médicale diverse…), les moyens de transport médicalisés (ambulances, véhicules et autres équipements aménagés pour handicapés…), les médicaments, les vaccins, les matières premières et les principes actifs pour la production locale des produits pharmaceutiques, ainsi que les matériaux de construction des nombreuses infrastructures sanitaires programmées (CHU, hôpitaux généraux, polycliniques, centres de santé, salles de soins…)», observe également Larbi Lamri, économiste de la santé. Selon lui, «le programme prévisionnel de construction de nouveaux CHU et de nombreuses structures sanitaires est compromis et sera fatalement relégué à au moins 5 ans.» La facture des médicaments a déjà baissé d'un quart depuis le début de l'année, conséquence d'une meilleure révision des prix auprès des laboratoires étrangers, selon le ministre du secteur. Les quantités importées ont, quant à elles, reculé de 13%. En parallèle, la baisse du pouvoir d'achat dans la foulée du glissement de la valeur du dinar aura pour effet d'augmenter le coût des prestations sanitaires, estime l'expert. Les Algériens auront donc tout intérêt à soigner leur santé dans les années à venir..