Les contrôles aux frontières extérieures à l'Europe seront renforcés, ont décidé les ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'UE réunis hier en urgence, à la demande de la France. Ils ont aussi approuvé le PNR européen (un fichier de données sur les voyageurs aériens) qui devra être adopté avant la fin de l'année 2015 pour «assurer la traçabilité du retour des djihadistes». Les migrants feront l'objet de «contrôles de sécurité». La France a obtenu gain de cause. Sur les trois points qu'elle a souhaité porter à l'ordre du jour de la réunion, d'hier à Bruxelles, des ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'UE, «l'Europe s'est accordée». «Nous avons donc pris aujourd'hui (hier, ndlr) des décisions fortes et opérationnelles, avec des résultats attendus avant la fin de l'année sur les trois sujets majeurs suivants : le PNR européen, les armes à feu et le renforcement des contrôles aux frontières extérieures», a déclaré Bernard Cazeneuve à l'issue de cette réunion d'urgence. «Nous avons demandé et obtenu que le PNR européen soit adopté avant la fin de l'année, et qu'il soit un outil opérationnel et efficace permettant de tracer les déplacements des personnes qui cherchent à nous attaquer», a ajouté le ministre de l'Intérieur français. Il a précisé que «le travail de lutte contre le trafic d'armes dans les pays des Balkans, où se trouvent principalement les stocks d'armes illégales», sera consolidé. S'agissant du renforcement des contrôles aux frontières extérieures, la Commission européenne présentera, d'ici la fin de l'année, une proposition de réforme du code frontière Schengen, «afin de permettre les contrôles systématiques et obligatoires à toutes les frontières extérieures et sur toutes les personnes entrant dans l'espace Schengen, y compris les bénéficiaires de la libre circulation». «C'est un changement crucial», a précisé M. Cazeneuve. Et de relever que ces contrôles devront être faits à travers la consultation obligatoire des bases de données nationales et européennes telles que le Système d'information Schengen (SIS) et les bases de données Interpol, «qui contiennent des données cruciales sur le signalement des djihadistes et les mandats d'arrêt internationaux». Cela implique également «un meilleur partage de l'information entre les Etats membres et une alimentation en temps réel des bases de données européennes comme le SIS, qui permet de signaler spécifiquement les combattants étrangers». Pour ce qui est des migrants entrant dans l'espace Schengen, ils devront «faire l'objet de contrôles de sécurité, à travers la vérification des bases de données européennes pertinentes (SIS, système d'information visa) et les bases nationales. Les Etats membres de première entrée seront assistés dans cette tâche par les équipes de Frontex». La France souhaite que les agents de Frontex puissent eux-mêmes effectuer ces missions. La France a préconisé la mise en place, dans un premier temps, d'«un système de garde-frontières européens, qui deviendrait à terme un véritable corps spécialisé». «En parallèle, nous devons continuer à travailler à la réduction des flux entrants à partir de la Grèce, à travers l'intensification du dialogue avec la Turquie notamment, ainsi que sur la mise en œuvre des retours des migrants qui ne peuvent pas bénéficier d'une protection internationale.» La France maintiendra le contrôle aux frontières qu'elle a rétabli,vendredi dernier, aussi longtemps que la menace terroriste le nécessitera, a affirmé enfin Bernard Cazeneuve.