Solution de facilité, ou moyen de prévention contre les accidents de la route, la prolifération des dos-d'âne à chaque coin de rue suscite la polémique. Les avis divergent sur ce point, entre ceux qui jugent la pose de ralentisseurs très utile pour la sécurité routière, et ceux qui la contestent, en arguant que le nombre des accidents de la route prend toujours ces dernières années une courbe ascendante. Au-delà du débat que suscite la question, il n'en demeure pas moins que c'est l'anarchie qui règne dans l'installation de ces dos-d'âne. La pose de ralentisseurs dans nombre de quartiers dérange les usagers en l'absence, il est vrai, de toute mesure visant à réglementer ce phénomène. Pourtant, un texte de loi régissant l'implantation des ralentisseurs et les conditions de leur mise en place existe. Mais qu'en est-il de son application sur le terrain ? Le constat fait par tous les usagers de la route est le même : les dos-d'âne continuent à pousser comme des champignons, sans aucun contrôle ni respect des normes. A ce propos, des transporteurs assurant la desserte Constantine-Hamma Bouziane, pour ne citer que ceux-là, se plaignent des dégâts causés à leur véhicule sur ce tronçon et signalent la partie reliant la cité El Menia au chef-lieu de la commune de Hamma Bouziane, longue de 6 km environ et qui compte pas moins de 11 dos-d'âne. «C'est trop et c'est très contraignant pour notre travail», explique un transporteur. Le problème pour ces professionnels réside dans la charge du véhicule qui doit, à l'aller et au retour, traverser ces ralentisseurs plusieurs fois par jour. «Nous nous retrouvons avec des pannes très importantes. Les amortisseurs et la carrosserie en souffrent, nos véhicules ne résistent plus aux secousses causées par les dos-d'âne, pourquoi ne pas installer des passerelles aux endroits jugés dangereux ?», soutiennent-ils ? Mais que prévoit le décret exécutif règlementant la pose des ralentisseurs? Le texte stipule que «toute implantation de ralentisseurs non autorisée par le wali territorialement compétent, expose ses auteurs aux sanctions prévues par la législation en vigueur». Or, telle que pratiquée actuellement, la pose de dos-d'âne se fait sur la base d'une urgence ou d'une demande émanant de citoyens. Sans aucune étude ni contrôle, des ralentisseurs de toutes formes sont anarchiquement placés sur les routes. Pour les dimensions, cela dépendra de l'évaluation de l'équipe chargée de l'opération. Néanmoins, une chose est sûre, la pose se fait sans aucun respect des normes, alors que ces ralentisseurs sont soumis à une série de conditions, notamment «leur insertion dans un schéma d'aménagement global conformément à la réglementation en vigueur afin d'améliorer la sécurité routière». Toujours est-il que toutes ces mesures ne sont pas appliquées, comme chacun peut le constater sur le terrain. Il y a eu certes quelques éliminations de dos-d'âne par le passé à proximité notamment de la 5e Région militaire lors de certaines visites officielles de hauts responsables à Constantine, pour des raisons sécuritaires probablement, mais les autorités de la ville auront tôt fait de les remplacer par d'autres, le plus souvent beaucoup plus larges et plus hauts, au grand dam des usagers de la route.