Le monde va mal, même très mal avec ses crises et ses guerres à n'en plus finir. Mais aussi et même surtout cette espèce de gestion des crises liée, voire conditionnée par un rapport de forces au plan mondial. Ce n'est plus parce qu'il a cessé d'être figé qu'il permet une approche sans la moindre équivoque et juste par voie de conséquence. Ainsi en est-il de la crise du Proche-Orient où l'approche est menacée par un plus grand parti pris. Comment, en effet, caractériser le silence qui s'est abattu sur le plus récent événement, celui-là même qui aurait dû éveiller les consciences, à supposer qu'il faille le faire encore une fois depuis 1948 ? Il s'agit de la démission du rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les Territoires palestiniens occupés. L'Indonésien Makarim Wibisono remet en effet son mandat pour ne pas avoir pu l'accomplir, Israël ne l'ayant jamais autorisé à pénétrer dans ces territoires. Une bien sérieuse entrave à une mission aussi importante, mais elle ne semble pas appréhendée comme telle non seulement par les Etats, mais aussi par ces très nombreuses ONG qu'il est difficile de ne pas suspecter de partialité. Aucune enquête dans les Territoires palestiniens n'est tolérée, et cela se voit aussi dans la manière d'appréhender la nouvelle intifadha palestinienne. On se contente des faits et même des comptes rendus de l'administration israélienne qui fait des Palestiniens des agresseurs, les Israéliens devenant des victimes. Pourtant, le nombre de morts est révélateur. Qu'importe, diront-ils, les Palestiniens n'avaient pas à se révolter, autrement dit, il leur fallait accepter le statu quo et donc leur situation d'occupés, vivant un véritable apartheid. Ce ne sont pas les Palestiniens qui en parlent ainsi, mais bien les plus proches alliés d'Israël, sauf que ceux qui tiennent ce discours fondé et porteur de dangers se sont gardés de se montrer conséquents. Ceux-là ont même mis en garde contre ce rapport aussi étroit qu'évident entre l'occupation qui pousse au désespoir et la montée de l'extrémisme. On ne naît pas extrémiste, on le devient. Tout cela est connu, mais rien n'est fait pour aller au fond des choses, c'est-à-dire aux racines du mal. Ce qui expose le monde à un risque majeur avec ces conflits ignorés pour certains, dénaturés pour d'autres et en tout état de cause, une réelle injustice, comme c'est le cas du peuple palestinien. Ou encore de l'occupation du Sahara occidental qui a amené l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU à en parler comme jamais auparavant. Christopher Ross a en effet affirmé que la persistance de ce conflit pourrait constituer «une bombe à retardement» et qu'aucun acteur n'est en mesure d'atténuer les effets à lui seul. Dans tous les cas, et les raisons ne manquent pas, le monde a un devoir : celui de combattre l'injustice et de cesser d'agir en fonction des seuls intérêts.