Islam et laïcité, démocratie et droits de l'homme, liberté d'expression, citoyenneté ont été au centre de la soirée-débat qui a eu lieu lundi entre les journalistes de Constantine et le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme, Me Boudjemaâ Ghechir. Au milieu du désert communicationnel entre les acteurs du métier de la presse eux-mêmes, une telle rencontre a été perçue comme une oasis salutaire pour les journalistes qui ont pu amorcer à l'occasion un début d'échange sur leur propre situation et leur position au milieu d'un environnement qui change. La soirée, relevée par la présence d'un nombre d'invités, a permis d'abord de rendre hommage au journaliste d'El Moudjahid Aissaoui-Zitoun Abdallah, décédé en septembre 2003, en présence de sa famille, puis la présentation par Me Ghechir d'un ouvrage collectif intitulé Islam et démocratie : vers une citoyenneté active. A partir des idées illustrées contenues dans cet ouvrage réalisé sous l'égide d'institutions américaines, le président de la LADH a développé sa vision de la crise algérienne, les sources des blocages du processus démocratique et quelques éléments de sortie de crise. Pour lui, la démocratie est contenue dans le message et la pratique islamique et, contrairement aux slogans de l'ex-FIS, Sahifat El Madina n'était pas autre chose qu'une constitution conçue par le Prophète dès son installation à Médine. L'autre exemple souligné par le conférencier, membre du collectif, est le cheikh Ben Badis auquel se réfère l'ouvrage. Les idées de Me Ghechir ont vite suscité questions et réactions de la part des présents, créant un débat contradictoire et animé, s'engageant dans moult digressions pour revenir à chaque fois au cœur du thème : la pratique démocratique. On a tenté d'établir un bilan, se remettre en question ou désigner des coupables avant de parvenir aux sujets qui impliquent directement le journaliste et une corporation vulnérable qui a encore besoin de se renforcer à l'image de l'ensemble des acquis démocratiques. L'une des conclusions auxquelles est parvenu le débat touche au rôle du journaliste et sa mission en tant qu'acteur essentiel dans le processus de démocratisation et l'apprentissage de la citoyenneté. Mais s'il y a eu consensus autour d'une question, c'est bien sur la nécessité de multiplier ce type de rencontres entre journalistes et assurer leur pérennité afin de répondre à des besoins multiples, notamment la structuration de la corporation et le renforcement des profils des acteurs de la presse.