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Des organismes aménageurs et administrations pointées du doigt
Foncier industriel inexploité ou detourné de sa vocation
Publié dans El Watan le 29 - 02 - 2016

Fallait-il se livrer à ce qui s'apparente au bradage du patrimoine foncier industriel avant de mettre sous toit des règles prudentielles ?
A demi-mot, de hauts responsables de la SGI région Est répondent par l'affirmative : «C'est la politique de la charrue avant les bœufs. L'on attribuait les terrains avant d'aménager la zone industrielle. Lorsque celle-ci est aménagée, l'opérateur économique n'est pas prêt pour démarrer son activité.
Le temps qu'il le soit, la zone s'en trouve dégradée et a donc besoin d'être réhabilitée. Une très longue et interminable spirale, une sorte de pierre d'achoppement à l'exploitation optimale des ZI», explique Chahir Khrouf, chef de service commercial, foncier et contentieux au niveau de la Société de gestion immobilière SGI-Annaba, en charge de la gestion des ZI de Souk Ahras, Guelma, El Tarf et Annaba.
Dans ces quatre wilayas, faut-il le souligner, le foncier industriel s'étire sur 795 ha. A elle seule, Annaba qui a renoncé à son titre de capitale de l'industrie nationale pour s'adjuger celui de «capitale de la mafia du foncier», compte 430 ha dont 90% des bénéficiaires en sont propriétaires. 364 se trouvent à l'intérieur des 4 ZI où sont en activité à peine 240 entreprises publiques et privées ; Berrahal concernée par le nouveau programme de réhabilitation (121 ha avec extension imminente de 523 ha), MIN (50 ha) réhabilitée à 100%, Pont-Bouché (117 ha) et Méboudja (62 ha). Et les superficies inexploitées ? «A Annaba, globalement, plus de 30% du foncier industriel déjà attribué est inexploité.
A l'intérieur des ZI, les bénéficiaires d'assiettes foncières qui n'ont pas démarré leur activité représentent environ 15 %», fera savoir le responsable. Plus précis, Ahmed Talaï, le DG du même organisme, indiquera, pour sa part, que les 364 ha sont répartis en 349 lots ; 253 lots actifs, 60 construits mais non actifs, 16 en cours et 20 nus.
Par ailleurs, aux yeux de nombre de cadres dirigeants de la SGP ZI-Est interrogés, cette situation problématique par laquelle se caractérise la gestion du foncier industriel que subissent les SGI est imputable à l'anarchie totale ayant longtemps sévi dans la cession des terrains par certains organismes aménageurs. Ces derniers, déplorent nos sources, se contentaient de vendre sans se soucier d'en assurer le suivi.
S'agissant de la performance industrielle locale qui demeure imperceptible, Chahir Khrouf ne mâche pas ses mots contre les promoteurs de projets d'investissements industriels eux-mêmes : «Il serait injuste de tout mettre sur le dos de l'Etat. Le blocage de l'investissement réellement productif incombe aussi aux pseudo-investisseurs. Une fois l'assiette foncière obtenue, ils se limitent à y ériger une ossature pour laisser pendant le chantier, et ce, des années durant. Une sorte de subterfuge qui facilite aux bénéficiaires de terrains l'éligibilité à des lignes de crédits destinées, en réalité, à d'autres activités susceptibles de leur garantir des revenus faciles et rapides.
D'où la multiplication de hangars à vocation commerciale à même les zones industrielles au lieu et place des projets initialement prévus, des usines de production ou de transformation en l'occurrence». Mais, désormais, ces pratiques «ne seront plus tolérées», met en garde le DG de la SGI-Annaba. D'ailleurs, apprendra t-il, «au mois d'octobre dernier, le wali de Annaba, Youcef Chorfa, a installé une commission pluridisciplinaire chargée du suivi de la réalisation des projets d'investissements industriels à l'intérieur des ZI et dont nous sommes membres. Depuis cette date à ce jour, nous avons convoqué plus de 200 opérateurs. Près de 50% d'entre eux sont de bonne foi. Ils cherchent à travailler, mais se heurtent à des obstacles. Un guichet unique a été mis en place au niveau de chaque commune pour lever sans attendre ces obstacles».
Et qu'en est-il de ceux ayant bénéficié de terrains, se mesurant en dizaines de milliers de m2, et dont on soupçonne des visées spéculatives ? Cherif Benmihoub, ex-DG de la SGI-Batna, actuellement cadre dirigeant à la SGI-Annaba, est catégorique : «Ils ont un délai de 6 mois au maximum pour mettre en route leur projet.
A défaut, les terrains obtenus dans le cadre de la concession leur seront retirés». Même si l'Etat a décidé de récupérer tous les terrains devant accueillir des projets mais qui restent toujours nus, la question que d'aucuns se posent est la suivante : Ceux à qui revient cette lourde tâche ne risquent-ils pas de se trouver démunis devant un document officiel indiquant le changement de propriétaire, alors que théoriquement le terrain est propriété de l'Etat ? D'autant que, font remarquer des industriels rencontrés au siège de la CCI Seybouse, «il n'est un secret pour personne que cet accaparement, qui s'est généralisé partout à travers le pays, ne pouvait être possible sans la complicité active ou passive d'organismes, concernés de près ou de loin. Idem pour certaines administrations qui sont tout aussi complices ou dépassées mais par l'opacité des arguments mis en avant par les faux investisseurs».
Des fléchettes acerbes à l'endroit d'une autre catégorie d'investisseurs, plus d'un sont les cadres de SGI à en avoir décochées, leur reprochant leur attachement au statut d'«éternels assistés» : «Rares, très rares, sont les opérateurs économiques exerçant au sein des ZI à payer la quote-part d'entretien dont le montant va de 500 à 5 millions de da, selon l'envergure de l'entreprise et son domaine d'activité», s'indigne M. Khrouf.
Son collègue, M. Benmihoub, abondera dans le même sens, évoquant des cas concrets : «Dans la ZI Belkhaïr (60 ha) à Guelma, pour ne citer que cet exemple, réhabilitée à 100%, tous les réseaux d'alimentation en eau ont été déjà installés. Seule la conduite d'amenée posait problème. Pour y remédier, nous avons saisi tous les opérateurs économiques aux fins de contribuer au financement de l'opération à hauteur de 200 000 DA/opérateur. Hormis quelques-uns, les industriels basés sur place ont fait la sourde oreille.
Et c'est l'Etat qui va, encore une fois, s'en occuper. Une enveloppe spéciale y est d'ailleurs consacrée dans le cadre du nouveau programme de réhabilitation appelé à être lancé incessamment.»


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