L'APC de Khroub vient en effet de mettre en demeure le propriétaire d'un grand centre commercial, Ritaj 2, pour mettre en règle son bâtiment. La wilaya de Constantine peine à trouver de sérieux projets à inaugurer pour le Premier ministre, dont la visite est prévue le 16 avril dans le cadre de la clôture officielle de l'année «Constantine capitale de la culture arabe 2015». Et voilà qu'un des points de visite sur lesquels le wali mise beaucoup pour satisfaire Sellal est compromis par une décision communale qui va à l'encontre de la volonté des autorités locales mais qui, pourtant, est en totale adéquation avec la loi. Il s'agit d'un centre commercial, le Ritaj 2 pour ne pas le nommer, situé à Ali Mendjeli. L'APC de Khroub vient en effet de mettre en demeure le propriétaire de ce projet pour mettre en règle son bâtiment sous peine de démolition. Les violations des règles de construction soulevées depuis cinq ans par l'association El Bahia des habitants de la cité mitoyenne sans jamais trouver d'écho viennent de parvenir au président de l'APC, Abdelhamid Aberkane qui, lui, n'a pas hésité à réagir, blâmant au passage ses services qui ont laissé faire pendant toutes ces années. Entre autres griefs reprochés au projet, l'ouverture de façades aux quatre vents, la construction d'un quatrième étage et la transformation du parking souterrain en surface commerciale, tout cela en violation des clauses contenues dans le permis de construire et le plan initial. Le pot-aux-roses a été découvert suite à un conflit de voisinage, a priori banal, entre les riverains et le propriétaire du projet, qui a imposé une ouverture qui donne directement sur cette cité résidentielle, la voie séparant les deux ensembles étant une impasse. Cette même voie a été transformée par les habitants et clôturée sur autorisation communale, confirmée par une décision du maire datant du 31 mars 2016. Echaudés par la situation autour des autres centres commerciaux de la nouvelle ville, les riverains ont craint pour leur environnement sachant la grande affluence et le trafic automobile induits par l'activité commerciale. Ils ont donc tenté de négocier une solution avec l'investisseur, mais ce dernier n'a rien voulu savoir, arguant que la valeur de son projet (200 milliards d'investissement, selon lui) dépasse de loin les préoccupations de quelques dizaines de familles ! Cette logique capitaliste et antisociale a été soutenue, hélas, par les autorités qui, en dépit des nombreuses sollicitations des riverains, ont choisi le camp de l'investisseur. Lors d'une récente visite du chantier, le wali, Hocine Ouadah, a même chargé les plaignants en incitant ses collaborateurs à les attaquer en justice. Ouadah a-t-il été induit en erreur par ses lieutenants ou a-t-il choisi en connaissance de cause sa position ? En tout cas, la décision de l'APC de Khroub tombe comme un cheveu sur la soupe du wali, qui n'a plus beaucoup de temps pour étoffer le programme de Sellal, à moins de piétiner la loi ou encore d'inventer des projets. Ce nouvel épisode révèle aussi au grand public des complicités en cascade au niveau de l'administration locale, notamment les services de l'urbanisme et de la construction, ceux de la commune du Khroub en tête. Des soupçons de corruption planent aussi dans les couloirs de ces services, qui n'ont rien vu d'«irrégulier» dans ce projet ! Pourtant la couleuvre est gigantesque !