Le nouveau calendrier national de vaccination prend effet à partir d'aujourd'hui. Seuls les enfants nés le 24 avril 2016 seront concernés par ce nouveau programme de vaccination qui comporte en plus de l'ancien quatre nouveaux vaccins. Ainsi, un nouveau carnet de santé sera remis aux nouveau-nés à partir de cette date qui coïncide avec la Semaine mondiale de vaccination qui prendra fin ce 30 avril. L'introduction de quatre vaccins intervient dans la politique nationale de prévention pour assurer une meilleure couverture vaccinale. Selon les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les objectifs sont de réduire de deux tiers la mortalité infantile en Algérie. «Notre objectif est justement de réduire cette mortalité qui est actuellement de 22 pour 1000 naissances à 18,6 pour 1000 naissances pour les moins d'un an. Le nouveau calendrier vient à point nommé pour réduire cette mortalité. Cette baisse passe donc par un programme que l'Algérie vient d'adopter, selon les recommandations de l'OMS. Un effort considérable a été fait puisque le budget pour la vaccination a été multiplié par trois et il est de 10 milliards de dinars», a expliqué le Pr Rachida Boukari, chef de service de pédiatrie au Chu Mustapha Bacha et membre de la Société algérienne de pédiatrie lors d'une conférence organisée par les laboratoires Pfizer sur le nouveau calendrier national de vaccination. Elle revient sur les quatre vaccins, dont l'antipoliomyélitique injectable (VPI) déjà introduit en décembre 2015 conformément aux recommandations de l'OMS, le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), l'antipneumococcique et le vaccin pentavalent combiné DTC-HIB-HVB. «L'antipoliomyélitique oral sera retiré totalement en 2020 pour être remplacé par l' injectable. Un campagne de rattrapage sera également organisée à la prochaine rentrée scolaire 2016-2017 chez les enfants âgés de 6 à 14 ans», a-t-elle indiqué et elle recommande également une évaluation de la vaccination contre la rubéole, la rougeole et les oreillons. Quant au vaccin antipneumocccique, le Pr Boukari a souligné qu'il est bien adapté en Algérie, notamment à la situation épidémiologique. «Le PCV 13 assure une couverture de 60% et on s'attend à une diminution sur les infections systémiques primaires et la réduction de leur prévalence», a-t-elle précisé et de signaler que «cette vaccination impose une surveillance microbiologique et la réalisation d'études épidémiologiques mesurant l'impact de la vaccination et le devenir des sérotypes.» Cette vaccination doit être accompagnée d'un plan antibiotique, suggère le Pr Chaouki Kadache, chef de service pédiatrie au CHU Franz Fanon, à Blida, et membre de la SAP. Il estime que la prescription d'antibiotiques doit être surveillée et non systématique. Pour le Pr Joel Gaudelus, chef de service à l'hôpital Jean Verdier, à Bondy, en France, l'introduction du PCV 13 dans la calendrier de vaccination français, la couverture vaccinale chez l'enfant de moins de 2 ans est supérieure à 90% et l'incidence des infections invasives à pneumocoques a considérablement diminué. «On note par ailleurs une diminution des pneumopathies radiologiquement définies et des pleuropneumopathies, ainsi que des otites moyennes aiguës, en particulier les otites compliquées et la résistance des pneumocoques aux antibiotiques», a précisé le Pr Joel. De son côté, Catherine Weil-Olivier, de l'université Paris VII, France, est revenue sur l'impact du vaccin PCV 13 sur les infections pneumococciques en pédiatrie à travers le monde. Elle relève que les observations suggèrent une réduction importante des infections invasives à pneumocoques chez les enfants et toutes tranches d'âge confondues, soulignant un impact chez les populations non vaccinées en liaison avec l'effet protecteur indirect. «Comme il est également observé à travers le monde une réduction des hospitalisations attribuables à la pneumonie, du portage nosopharyngé du pneumocoque, du taux de prescriptions d'antibiotiques, ainsi que la prévention des décès dus à la maladie invasive», a-t-elle ajouté. Lors des débats, les spécialistes ont évoqué le problème de chevauchement qui pourrait être posé puisque seuls les enfants nés le 24 avril auront un nouveau carnet de santé et bénéficieront de ce programme. Les enfants nés avant cette date, même un jour avant, ne seront pas rattrapés. Ce qui nécessite des explications et une sensibilisation du personnel médical pour faire face aux demandes des parents. Une lourde tâche que le ministère de la Santé doit assumer.