Le premier responsable de la wilaya de Constantine, Hocine Ouadah, a eu le vertige, hier matin, lors du conseil de wilaya tenu à son cabinet. Non pas à cause du jeûne, mais plutôt devant le dossier du Ritaj Mall, dont les nombreuses tares, signalées par El Watan et dénoncées par les riverains, remontent inexorablement en surface. Le wali ne savait pas quoi dire, en effet, après avoir découvert que le centre commercial d'Ali Mendjeli n'a pas obtenu son certificat de conformité. Et pourtant, ce projet qui compte 465 locaux a été inauguré, et est opérationnel depuis le 16 avril. Comment se fait-il qu'il soit exploité sans avoir l'avis favorable et le certificat de conformité ? Lors de cette réunion avec l'exécutif et les maires des différentes communes, un responsable de la direction du commerce, dans son rapport sur les marchés dans la wilaya, a affirmé que des PV seront établis à l'encontre de 50 commerçants au sein du Ritaj Mall. Ces commerçants exercent sans registre du commerce. Le même responsable a souligné que les locaux occupés par les 50 commerçants seront fermés «administrativement». En plus, 310 magasins font actuellement l'objet d'une enquête de la même direction, d'après toujours ses dires. Une situation que le wali juge inacceptable. «Il est inadmissible qu'ils travaillent (les commerçants, ndlr) sans registre du commerce. Comment se fait-il ? Que faisaient les services de la direction du commerce ? Ces commerçants n'ont aucune excuse, je suis au courant de tout, ils ont déjà réservé les locaux avant que les travaux de réalisation ne s'achèvent», a fulminé le wali, qui a marqué un temps de silence lors de l'intervention de Abdelhamid Aberkane, président de l'APC d'El Khroub. Ce dernier a exprimé son mécontentement tout en rappelant les décisions et les démarches dissuasives entreprises par ses services. De quoi alimenter la colère du wali. «Comment il a pu avoir son autorisation d'exploitation sans certificat de conformité ? Et si jamais il y avait eu des incidents ? Comment se fait-il que le centre national du registre du commerce n'ait pas réagi ?», s'est interrogé Ouadah lors de ce conseil particulièrement houleux, sans toutefois obtenir des réponses. Pis encore, nous avons appris d'une source de la commune d'El Khroub que le rapport de la Protection Civile sur Ritaj Mall est défavorable. En outre, les travaux de ce centre commercial géant ne sont pas achevés à 100%. «Ce n'est pas normal, établissez une mise en demeure, et si la situation ne se réglera pas dans les délais prochains, procédez à la fermeture de ce centre», martèle Hocine Ouadah. Le wali ignore-t-il que la commune d'El Khroub a déjà établi une mise en demeure au propriétaire de Ritaj Mall, restée sans suite ? Le propriétaire défie en effet l'administration et toutes les lois, s'appuyant sur l'indulgence, voire la complicité de nombreux services et de nombreux responsables, y compris parmi les élus. Cette histoire a créé un malaise hier lors de ce conseil où beaucoup de responsables préféraient regarder ailleurs. Que fera Ouadah ?