Parmi les mesures proposées par nombre de candidats dans le camp de la droite, figure en bonne place l'internement des personnes fichées S comme sécurité. Même si elle n'ont commis aucun fait délictueux… Ce qui poserait certains problèmes juridiques et même constitutionnels, rétorquent ceux qui y sont opposés, dont le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Malgré tout, quelques fuites relayées par la presse donnent une idée de ce phénomène du fichage préventif. Ainsi, 15 000 personnes sont recensées comme radicalisées en France, alors que le chiffre de 10 000 était évoqué en 2014. Ces radicalisés sont inscrits au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Dans ce FSPRT, 4000 fichés considérés comme les plus dangereux sont suivis par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et plus de 5000 par le Service central du renseignement territorial (SCRT). Le fichier a été installé en juillet 2015. 500 personnes seraient en période d'évaluation de leur comportement alors que 2500 nécessitent une veille attentive. Ces chiffres ont été publiés par Le Journal du Dimanche (JDD), basé sur des éléments de sources sûres, non démenties par l'institution policière, sachant que lors des derniers attentats tous les terroristes n'étaient pas fichés. Ce fichier est alimenté à part égale par les services antiterroristes, les Etats-majors de sécurité (EMS) dans les départements, et par l'exploitation des appels au numéro vert de la plateforme de signalement lancée en avril 2014. Un appel sur dix au numéro vert donne lieu à un signalement. Certains étant assez loufoques, du genre quelqu'un qui se laisse pousser la barbe, parce qu'un homme ne serre plus la main aux femmes, ou qu'un autre a tenu des propos provocateurs… Le FSPRT est mis à jour au fur et à mesure des vérifications. Près de 1200 noms ont été retirés et plusieurs centaines de fiches sont soit en veille soit clôturées. Ce fichier, à diffusion restreinte, contient les données personnelles des individus repérés et leurs liens avec d'éventuels autres suspects. Il s'agit essentiellement de jeunes gens de 18 à 25 ans, vivant autour des grandes villes. Une partie —autour de 20% — a déjà un casier judiciaire. Les individus les plus âgés ont la quarantaine et le plus jeune révèle une surprise puisqu'il serait âgé de... 11 ans. Pour les mineurs, la part féminine est importante, puisqu'en septembre, 1954 mineurs étaient inscrits au fichier (18% du total) dont une majorité de filles. La grande crainte au sujet des adultes fichés est le fait que certains ont accès ou travaillent dans des lieux sensibles. Ce qui a fait que certains hommes politiques dans le camp de la droite ont exprimé le point de vue que la liste des fichiers S d'une commune soit communiquée à son maire. Ce qui a été refusé par le ministre de l'Intérieur, qui a fait prévaloir que le secret des enquêtes exigeait la discrétion. La loi, du reste, ne le permet pas. D'autant que tous les «fichés S» (Sûreté de l'Etat) ne sont pas inscrits au FSPRT, et inversement. Sachant aussi que les «S» ne sont pas tous liés à l'islamisme radical.