L'affaire dite du trésorier de Skikda, qui a défrayé la chronique locale, a été jugée hier. La chambre correctionnelle près le tribunal de Skikda a condamné le trésorier de la wilaya de Skikda à huit années de prison ferme assorti d'une amende d'un million de dinars. La sentence, prononcée vers 17h, a été très commentée par le collectif d'avocats de l'accusé qui continuait à crier au complot et à la machination dont serait victime son client. La séance, qui a débuté vers 9h, a vu défiler à la barre plusieurs témoins à décharge, dont les deux fils du trésorier ainsi que quelques employés de la direction du trésor. La personne à l'origine de l'arrestation du trésorier, qu'on dénommera X, a été, elle aussi, citée comme témoin. Les uns après les autres, les témoins à décharge ont tenté, à travers leurs interventions, de réfuter les preuves de corruption apportées par l'enquête. L'un des deux fils de l'inculpé, entrepreneur de son état, a rapporté, à cet effet, que la somme de 9 millions de centimes, remise à son père par X et qui a été trouvée à son bureau, ne serait que le versement que X lui devait pour les prestations qu'il lui aurait demandé d'effectuer, allant jusqu'à affirmer l'avoir rencontré en présence de témoins et de lui avoir demandé de laisser l'argent chez son père. Les autres témoins ont tous versé dans la consolidation de ces faits au moment où la personne à l'origine du scandale ne cessait de jurer qu'elle n'a jamais vu les enfants de l'accusé. « Je ne les ai jamais rencontrés et je n'ai traité qu'avec I'accusé. » Elle ira jusqu'à révéler que le trésorier lui aurait proposé de l'aider pour la réalisation d'un projet de station de lavage et de lui procurer l'acte de propriété auprès d'une direction de l'exécutif. « Il m'a dit que ce directeur (il le nommera) mange lui aussi. » Intervenant par la suite, un avocat représentant le ministère des Finances en tant que partie civile a demandé un million de dinars à titre du préjudice causé à l'institution financière. Dans son réquisitoire, la procureur de la République a tenu d'abord à réhabiliter la personne à l'origine de l'affaire. « Il me navre d'entendre cette personne dire qu'en venant ici elle se sentait plutôt comme une victime », avant de qualifier l'affaire de « véritable cancer qui mine notre société et qui porte préjudice à l'Etat ». Et d'estimer que cette affaire s'intègre parfaitement avec la loi relative à la lutte contre le fléau de la corruption. Il estimera que l'accusé a été pris en flagrant délit de corruption et que l'ensemble des témoignages apportés lors de la séance n'étaient qu'« une machination », d'autant plus, estimera-t-il, que « les témoignages ne concordent pas dans leur ensemble ». Il posera également la question quant aux motifs ayant amené le trésorier à refuser d'ouvrir la porte aux services de sécurité et son refus à trois reprises d'ouvrir le coffre qui contenait l'argent. Il requerra par la suite une peine d'emprisonnement de 20 ans à l'encontre du trésorier. Le collectif d'avocats estimera, par contre, que cette affaire ne devrait pas représenter l'affaire du siècle. La presse a été citée comme étant la source de toute cette amplitude. « Notre client est victime de manœuvres occultes. Nous ne comprenons pas le fait que tout ce que rapporte ce monsieur (l'homme à l'origine du scandale, ndlr) soit considéré comme une vérité irréfutable. Les témoins ont confirmé que l'argent trouvé chez notre client appartenait à ses enfants. En plus, nous avons présenté à la cour les preuves matérielles qui démontrent l'irrecevabilité des accusations portées contre lui. Nous concluons à son innocence. » Le verdict n'a été rendu que vers 17h, avec une très probable cassation.