Skikda a perdu hier un de ses fils, même si Malek Chebel reste aussi l'enfant de l'Algérie. De l'universalité plutôt. Humaniste avant d'être anthropologue, Malek, dont la vie aura été un long combat, n'a malheureusement pas réussi à lutter contre la maladie qui le rongeait ces derniers mois. Il a fini par rendre l'âme hier, à Paris, à l'âge de 63 ans. Sa dépouille sera rapatriée, aujourd'hui, (dimanche) à Skikda pour être enterrée parmi les siens. Ainsi, Malek aura à revenir et définitivement à Skikda, une ville où il consuma une grande partie de sa jeunesse. Fils de chahid, avant d'être fils de pauvre, il suivra en tant qu'élève interne ses cours moyens et secondaires au lycée Tebessi. «C'était un authentique ''rat'' de bibliothèque. Il s'intéressait à la littérature surtout et adorait dessiner. Il se faisait aussi une joie de nous lire les poèmes qu'il écrivait», rapporte Tayeb Nouari, un de ses amis de jeunesse. M. Louchi, son ami intime, du temps du lycée et de la fac de Constantine, le décrit comme un passionné : «Il avait une immense soif de se rapprocher des gens pauvres et simples. Il lui arrivait même de photographier des personnages qui écumaient ''z'kak arabe'', comme s'il cherchait à leur venir en aide.» Après avoir obtenu son baccalauréat, série lettres et philosophie, Malek rejoint en 1973 l'université de Constantine. «Malek, à cette époque, n'avait même pas les moyens pour rentrer les week-ends chez lui. Il ne revenait à Skikda qu'à la fin de chaque semestre», ajoute M. Louchi. Il enseigna par la suite à l'université de Constantine, mais n'ayant pas eu la chance d'avoir un logement, il plie bagages et part, en 1980, pour l'université Paris 7, où il obtiendra son premier doctorat en psychopathologie. Assoiffé de savoir, il parvient à obtenir un second doctorat en anthropologie, puis en sciences politiques. Grâce à ses ouvrages, Malek Chebel deviendra une référence scientifique et écumera de prestigieuses universités où il donnera des conférences. Grand amateur de voyages, Malek avait même collaboré avec El Watan, au courant des années 1990, par d'innombrables récits de voyages. Il passera également dix années entières à traduire Le Coran et fera partie du groupe des sages mis en place par l'Union européenne pour penser et élaborer la première charte euro-méditerranéenne. Le défunt laisse une veuve et deux enfants.