Préavis de grève, sit-in et protestation ont jalonné ces derniers jours les actions de 276 travailleurs de l'unité Algal, filiale du groupe Metanof, pour contester les modalités dans lesquelles s'est opérée la privatisation de cette unité. Pour la section syndicale de cette unité, l'opération de cession d'actifs a été une véritable machination savamment tissée par le groupe Metanof, dont l'objectif visait l'exclusion des travailleurs de la possibilité de reprise de l'unité, leur déniant le droit d'être actionnaires dans la nouvelle société. Pour y parvenir, nous dira le secrétaire général de la section syndicale, « le groupe Metanof, avant de faire le black-out autour de la privatisation, où rien n'a filtré sur ses modalités, a procédé, et c'est là où la machination a été mise en œuvre, à la scission de la filiale Algal en deux divisions l'une en charge de la production l'autre de la commercialisation ». Et d'ajouter : « La filiale d'Algal n'existe exclusivement que par l'unité de production de profilé d'aluminium de M'sila, sinon ce qui constitue la division commerciale, c'est les 4 magasins de vente de Profilor dont l'envergure ne dépasse guère celle de simples magasins détenus par des artisans spécialisés dans l'aluminium. » « C'est cette scission, nous dira un membre du bureau syndical, qui a fait que le groupe Metanof bannisse, pour nous exclure de la possibilité de reprise de l'unité, l'argument que la privatisation n'est pas totale et n'a touché que les actifs de l'unité industrielle de M'sila. » A ce propos, dira le PDG du groupe Metanof dans une correspondance adressée au PDG d'Algal le 9 octobre 2006, « les dispositions de l'article 28 de l'ordonnance 101-04, relatives à la quote-part des travailleurs (10% maximum du capital de l'entreprise), ne s'appliquent pas à Algal par le fait qu'elle n'a pas été privatisée à 100%, laquelle s'est limitée à la cession des actifs industriels de l'unité de M'sila, du fait que l'actif (633 MDA fin 2005), donc éligible aux dispositions de l'article 715 bis 20 du code ce commerce en matière de faillite ». Face à cela, tout un chacun est en droit de dire pourquoi n'a-t-on pas cédé la totalité du capital d'Algal puisque les actifs nets de cette filiale s'élèvent à 633 MDA, soit plus de deux fois le montant du capital social d'Algal, dont la consistance a été réduite à 5 magasins de vente. M. Tahari Slimane, président du SGP Transolb, lors d'une réunion tenue le 18 juillet 2006 au niveau de la SGP Transolb, dira à ce propos sans convaincre d'ailleurs : « Algal est ainsi devenue éligible aux dispositions de l'article 715 bis 20 du code du commerce en matière de faillite et la cession de son capital ne peut être envisagée. » Et il n'existait, à ses yeux, que la privatisation par la cession d'actifs industriels. M. Tahari n'a pas expliqué pourquoi une entreprise qui a un actif net de 633 MDA représentant plus de deux fois le capital social de cette même entreprise ne peut suivre la procédure de liquidation ? Il y a anguille sous roche, nous dit-on au niveau de l'unité, en guise de réponse. L'idée d'exclure les salariés de la reprise de leur unité était préméditée depuis fort longtemps, dit-on. Dans un contexte d'incohérence et un sentiment de méfiance, s'est tenue une AG au niveau de l'unité au terme de laquelle il a été mis en relief les lacunes en matière d'évaluation des actifs de l'unité, redoutant que les actifs tel qu'évalués ne dépassent guère 30 milliards de centimes, alors que le seul terrain appartenant à l'unité est évalué par les domaines à plus de 38 milliards de centimes. Les travailleurs non convaincus de la réponse du PDG du groupe Metanof ont revendiqué le bénéfice de 10% du capital de l'entreprise conformément à l'article 28 de l'ordonnance 01-04. A en croire la section syndicale, rien n'est encore finalisé quant à la privatisation de l'unité. Rappelons que le CPE a autorisé la cession des actifs industriels de l'unité de M'sila, pour un montant de 300 millions de dinars, à la société, lit-on dans le résiliation, à créer par l'Eurl et Has Hasan (Jordanie).