Conjointement organisé par le département des lettres et des langues étrangères et celui des lettres et langue arabe de la faculté des langues de l'université Mohamed Khider de Biskra, un colloque international réunissant des professeurs et des enseignants universitaires de pays d'Afrique et d'Europe, consacré à la compréhension et au décryptage du «Texte à l'épreuve des théories linguistiques et critiques contemporaines», s'est déroulé du 20 au 23 novembre. Une cinquantaine de communications y ont été présentées sur les thèmes de l'apport des sciences cognitives dans l'analyse des discours, de la praxématique en tant que théorie de la production de sens du texte, des systèmes énonciatifs, du texte littéraire, au-delà de sa dimension linguistique, de l'approche géocritique du texte littéraire, de la narratologie genettienne, de la didactisation et des cartes heuristiques, de l'interculturel dans la relation enseignement-apprentissage du FLE en Algérie et sur la critique pluriculturelle de la littérature. «Le texte est le creuset où se concentrent toutes les connaissances humaines et pour le lire, le comprendre, le décrypter et le décoder, il est nécessaire de recourir à différentes approches sémiologiques, constructivistes ou déconstructivistes. Les théories critiques de Derrida, Barthes ou Levy Strauss sont des points d'appui, mais elles restent des théories occidentales prenant en otages les recherches arabes sur les textes et leur signification profonde, leurs leviers et leurs impacts réels sur le lecteur. Le texte littéraire demeure une proie difficile qui s'éloigne du chasseur d'autant plus que celui-ci croit l'approcher pour l'appréhender dans sa plénitude. Bien qu'El Djahadh, Ibn Tabatiba ou Abou Hillal El Askri aient tenté de codifier une critique littéraire arabe, celle-ci est encore balbutiante, voire inexistante. L'idéal serait que nous puissions fonder une école arabe de critique littéraire avec ses spécificités et ses codes intrinsèques et ceci en complément des approches occidentales», a commenté Laâla Saâda, chef du département des lettres et langue arabe. Axant son intervention sur les apports de la psychologie cognitive à la compréhension et à l'enseignement des textes littéraires, Denis Legros, professeur émérite du Laboratoire des usages et technologie de l'information numérique (Lutin) de la Cité des sciences de Paris, a expliqué les mécanismes cognitifs impliqués dans la compréhension et la production de textes et la notion, si chère à Barthes, de plaisir du texte. «A travers des expériences ciblant des groupes de lecteurs-acteurs hétéroclites, nous pouvons quantifier et définir le rôle de la théâtralisation d'un texte sur leurs activités interprétatives. Nous ne travaillons plus sur la surface du texte et au niveau du décodage des mots, mais au niveau de leur traitement sémantique mettant en jeu des processus cognitifs», dira notre interlocuteur, qui caresse le rêve de fonder à l'université de Biskra une unité de recherche sur le numérique et l'apport des nouvelles littéracies en contexte plurilingue à laquelle participeraient des universitaires de France, des pays du Maghreb et d'Afrique subsaharienne.