Par les temps qui courent, toutes les roueries sont bonnes pour vendre n'importe quoi, n'importe où, pour peu que ça rapporte. Partant de cet état de fait, les vendeurs occasionnels font une concurrence très serrée aux gérants des luxueux magasins qu'ils côtoient anarchiquement et sans aucun gêne. Si ces deux espèces de commerçants qui coexistent, voire se complètent, depuis déjà quelques dizaines d'années, c'est pour la bonne raison que chacun des deux antagonistes tire son épingle du jeu. Selon nos propres constatations, les boutiquiers ont une clientèle select et fidélisée, à laquelle ils proposent des articles de qualité, mais dont les prix ne sont pas à la portée du premier venu. Concernant la rivalité de leurs vis-à-vis, les gérants de magasins affirment, pour la plupart, que les règles commerciales sont ainsi faites et chacun a ses propres atouts et ses petits secrets pour attirer et séduire les chalands. Au demeurant, qu'il vente ou qu'il pleuve, les vendeurs dits «à la sauvette» et les détenteurs de locaux voient, chaque jour, affluer des centaines de visiteurs. Ces lieux de négoce très chic se multiplient d'un jour à l'autre, et ont acquis, au fil des ans, une réputation qui va crescendo. Quand bien même beaucoup de débitants martèlent que «les nuées incessantes des mamies et des jeunes filles (surtout) qui défilent à longueur de journée, d'un local de commerce à l'autre, ne sont là que pour faire du lèche-vitrine», indique-t-on. Cet avis est, toutefois, balayé du revers de la main par quelques autres marchands, qui considèrent que les affaires donnent plutôt l'impression de bien marcher pour tout le monde. Un boutiquier, spécialisé dans les articles de lingerie féminine n'y va pas par quatre chemins pour remettre en cause ce préjugé. «Les vendeurs d'occasion se la coulent plutôt douce. Car, en plus du fait qu'ils ne sont astreints à aucune charge fiscale, ils imposent leur diktat sur les placettes et les espaces publics relevant réglementairement des attributions des commerçants ordinaires, qui, eux, paient rubis sur l'ongle leurs redevances fiscales», se plaignent nos interlocuteurs.