Classés Ramsar, c'est-à-dire d'importance internationale pour leur exceptionnelle diversité biologique, les lacs d'El Kala classés également Zones intégrales du Parc national d'El Kala, donc en théorie soustraites à toutes activités, n'ont jamais cessé d'être exploités pour leurs ressources, d'être ravagés par la surexploitation pour finir par devenir des flaques d'eau sans vie livrées au pillage. Ils ont été le cœur d'un programme de développement de l'aquaculture qui, laissé aux mains d'apprentis sorciers qui promettaient de combler le déficit en poisson de l'Algérien, a épuisé leurs ressources de base et bouleversé irréversiblement le fonctionnement des écosystèmes qui les produisaient. Après les fantaisies du secteur public, les lacs sont devenus il y a une vingtaine d'années les enjeux d'une âpre bataille de promoteurs privés. Ils ont été mis en adjudication pour permettre au secteur privé de développer des activités aquacoles et de pêche. Finalement, il n'y aura eu ni l'un ni l'autre. Du moins pour les lacs Tonga et Oubeira. Il y a encore une activité de pêche sur le lac Mellah, mais rien à voir avec les espoirs placés en elle. Les Lacs Oubeira, Tonga et à un moindre degré le Mellah sont quasiment abandonnés et devant le terrain de chasse des braconniers en tout genre. Le poisson, bien entendu, du moins ce qu'il en reste après les ravages causés par le rempoissonnement par de la carpe qui a brouté la base alimentaire des autres espèces, mais encore des œufs des milliers d'oiseaux migrateurs qui y nichent et qui font leur notoriété internationale. L'appel récent pour renouveler par adjudication les concessions s'est soldé par un échec. Les choses ont bien changé depuis les empoignades d'il y a vingt ans. En effet, ils n'ont plus la même valeur économique puisque leur richesse, leur valeur, biologique a été dilapidée. Irrémédiablement. La direction de la Pêche d'El Tarf va relancer l'adjudication, mais il est peu probable qu'elle aboutisse sauf si cette fois-ci, ce sont les promoteurs qui posent leurs conditions pour leur contribution à une opération de sauvetage par les pouvoirs publics qui redonnera à ces milieux leurs potentiels écologiques et économiques. Ensuite, les promoteurs et investisseurs dans le secteur de la pêche montrent aujourd'hui plus d'intérêt pour l'aquaculture. 5 dossiers pour des projets pisciculture et 3 pour la conchyliculture (mollusques bivalves) ont été à ce jour avalisés sur des sites au large d'El Kala dans ce qui, comble de l'ironie, va devenir l'aire marine protégée du Parc national d'El Kala. La presse locale a rapporté la prise à El Chatt, au début du mois, de 8 quintaux d'anguilles soigneusement emballées dans des sachets en plastique. Une première dans le genre. Elle provenait sans aucun doute du lac Oubéira.