Afin de lancer une profonde étude visant à résoudre la dichotomie flagrante et l'inadéquation des formations universitaires pénalisant les demandeurs d'emploi diplômés et le monde du travail, une délégation d'experts du Bureau international du travail (BIT) a effectué les 5 et 6 mars une visite dans la wilaya de Biskra, choisie, à l'instar de Béjaïa et Tlemcen, comme wilaya pilote pour le lancement de ce programme inscrit dans le cadre d'un partenariat entre le BIT, l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Sous le slogan «De l'université au monde du travail», des rencontres avec le recteur de l'université Mohamed Khider de Biskra et les responsables locaux des différents dispositifs de l'emploi, à savoir les directeurs de l'emploi de la wilaya, de l'AWEM, de la CNAC et de l'Ansej, ainsi que des visites de différentes structures et sièges de ces institutions sont au programme de ces deux jours», a-t-on appris. Il s'agira pour ces responsables locaux d'œuvrer de concert avec les experts du BIT pour identifier les déficiences, de fixer une démarche à adopter à l'effet de réduire l'écart constaté entre l'université et le monde du travail, et par là d'apporter les solutions au problème de l'inadéquation formation / emploi. Pour cela, une enquête, «Analyse et prévision du marché de l'emploi», consistant à enquêter auprès des employeurs sur leurs perspectives et leurs besoins en compétences universitaires, sera lancée à Biskra dans les prochains jours par les cadres de l'AWEM. Un échantillonnage de plus de 900 entreprises des secteurs économiques privé et public toutes activités confondues est en cours d'élaboration par une cellule spécialisée composée de statisticiens et de conseillers à l'emploi de l'AWEM de Biskra, dont les cadres seront sur le terrain à partir du début du mois d'avril, pour soumettre aux employeurs un questionnaire traitant de différents aspects liés au problème de la disponibilité d'une main-d'œuvre qualifiée, de son niveau de compétence requis et de son rendement économique au sein de l'entreprise. «Jouant un rôle excentrique dans ce programme, l'AWEM de Biskra aura à collecter les besoins des employeurs en termes de compétences pour les soumettre à l'université productrice de ‘‘noyaux de compétences''. Il est inutile de former des universitaires dont l'employabilité est pratiquement nulle dans le monde du travail en attente de cadres et de main-d'œuvre à la hauteur de ses besoins rééls. Nous souffrons de ne pouvoir insérer dans le circuit économique que 20 à 25 % de demandeurs d'emploi universitaires, aux profils difficiles, pour qui les délais d'attente pour trouver un travail sont nettement supérieurs à ceux sortant de la formation professionnelle. L'université doit adapter ses formations au monde du travail et de l'entrepreneuriat et pas le contraire. A quoi bon former des biologistes ou des historiens si ces filières ne sont citées dans aucune offre d'emploi ?», a souligné Mohamed Lamine Zitouni, directeur de l'AWEM de Biskra.