Le report de l'opération globale de vaccination permettra au ministère de la Santé de mener une campagne de sensibilisation et d'information auprès de la population. La décision de reprendre la campagne de vaccination à la prochaine rentrée intervient après la réunion du comité technique des experts. La campagne nationale de vaccination contre la rougeole et la rubéole, prévue du 6 au 15 mars, est reportée à la prochaine rentrée scolaire, avons-nous appris de source sûre. Elle se fera exclusivement dans les structures de santé publique dans le cadre du dispositif du rattrapage traditionnellement organisé par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à chaque rentrée scolaire pour les autres maladies. Une décision prise à l'issue de la réunion du comité technique des experts de la vaccination, tenue la semaine dernière pour une évaluation suite à la polémique enclenchée autour de cette campagne. Ce report permettra au ministère de la Santé de mener une campagne de sensibilisation et d'information auprès de la population. Les membres du comité ont insisté lors de cette réunion sur l'importance de la vaccination et sa poursuite pour la tranche d'âge de 6 à 14 ans, comme cela a été décidé et recommandé par les experts de l'OMS et le comité technique des experts. «Il n'est pas question de revenir sur ce principe de la vaccination qui a permis à l'Algérie d'éradiquer de nombreuses maladies», souligne le Pr Abdelatif Bensenouci, président de la Société algérienne de pédiatrie. Il rappelle que le but de la vaccination est le contrôle de la transmission de l'infection, l'élimination de la maladie et éventuellement l'éradication du pathogène qui cause l'infection et la maladie. «C'est très important d'accorder une priorité élevée à la vaccination et cela doit être prônée par nos praticiens en premier lieu, puis par les parents. Il s'agit d'une affaire de santé publique et lorsque l'on se protège par la vaccination, c'est toute la communauté qui est protégée. Il s'agit d'une responsabilité individuelle et collective», a-t-il souligné avant de rappeler que l'Algérie a connu dans les années 1960 et 1970 les ravages de maladies, telles que la rougeole, la variole, la diphtérie et la tuberculose. «Nous avons connu ces maladies et leurs complications qui causaient souvent la mort. Aujourd'hui nous sommes parmi les premiers pays à avoir éradiqué toutes ces maladies et la stratégie toujours en cours est d'arriver justement à éradiquer la rougeole et la rubéole. C'est pourquoi le ministère de la Santé a initié cette campagne nationale de vaccination inscrite dans le cadre d'une stratégie mondiale d'élimination de la contamination et de l'éradication de ces deux maladies», a expliqué le Pr Bensenouci. Et d'ajouter que tout recul dans la vaccination exposerait les populations aux risques de résurgence de ces maladies sous forme de flambées épidémiques, comme cela a été récemment le cas en Europe et aux Etats-Unis. «Cette campagne de vaccination contre la rougeole et la rubéole ne peut être que bénéfique. Il est vrai que ces enfants ont déjà été vaccinés contre la rougeole et un vaccin suffit, mais cette seconde vaccination vient couvrir ceux qui n'ont pas été vaccinés ou mal vaccinés pour une raison ou une autre. Par ailleurs, il n'existe pas de vaccin antirubéole seul, il est toujours associé à celui de la rougeole, de la varicelle ou des oreillons. Cette vaccination nous permettra d'atteindre 95% de couverture contre les épidémies. Les parents doivent savoir que les effets ne peuvent apparaître que 6 à 7 jours après la vaccination et ne sont pas instantanés, et les effets secondaires rapportés sont généralement minimes», a-t-il précisé, tout en rappelant que le risque zéro n'existe pas en faisant référence au livre rouge du collège américain des pédiatres, un rapport qui fournit toutes les informations pour les spécialistes sur les maladies infectieuses pédiatriques et les recommandations sur la vaccination basées sur les rapports du comité ainsi que l'expertise combinée de la CDC, la FDA et des centaines de contributeurs médicaux. Le Pr Bensenouci rassure sur la qualité du vaccin utilisé dans de nombreux pays et il est introduit dans le calendrier vaccinal au Maroc et en Tunisie depuis 2013. Le président de la Société algérienne de pédiatrie appelle à la création d'un organisme national indépendant de la vaccination et de sa surveillance, où un travail permanent serait assuré par des personnes compétentes en la matière.