Il y a quelques années, l'APC d'Alger-centre avait sommé les commerçants de rendre clean leurs façades et les débarrasser des blocs de climatiseurs, qui dégoulinent par effet de condensation du haut des balcons. Aussi, en vue de conférer un tantinet l'esthétisme et l'harmonie aux façades d'immeubles bordant les grandes artères, il a été question de débarrasser les bâtiments de la hideur que représentent les assiettes paraboliques, agglutinées tels des ‘‘polypes'' aux balcons et toits des chaumières. Des formes circulaires qui scintillent de loin, lacérant la blancheur immaculée d'Alger. Une entreprise qui, au demeurant, est loin d'être une sinécure, dans la mesure où il n'est pas aisé de persuader les ménages d'enlever ces verrues blanches ni à leur substituer le triplay (télévision, internet, téléphone) dont l'opération pilote lancée dans trois sites, il y a plus d'une dizaine d'années, n'a jamais été élargie, pour ne pas dire tuée dans l'œuf. Cette initiative est restée sans suite, car elle n'a pas réussi à emballer grand monde, apprend-on du département des PTIC. Sur un autre registre, ces derniers mois, Abdelkader Zoukh, premier magistrat de la wilaya sillonne avec son équipe, la cité. Il trime, se décarcasse, on n'en disconvient pas, avec entrain, pour donner fière allure à la capitale, du moins conférer un attrait le long de certains axes principaux. Cela rentre dans le cadre de l'embellissement d'Alger Ibn Mezghenna et des grands projets restructurants qui s'étaleront jusqu'à 2030. Soit. Mais il y a ces réflexes de travail de dernière minute, irréfléchi et bâclé, effectué par les chefaillons subalternes, spécialisés dans le décor trompeur. Deux ou trois heures avant la sortie de Zoukh dans tel ou tel bout de commune, pour s'enquérir de l'état d'un chantier, le quidam constate le branle-bas de combat d'une cohorte d'EPIC de wilaya. Celle-ci se met en branle pour rendre clean le parcours du wali et faire accroire à ce dernier que tout est beau. Qu'Alger respire mieux. Que la cité est toujours dans ses plus beaux atours. Avant son passage, une escouade de tâcherons prend les devants et s'empresse de chauler le pied des arbres, de peinturlurer des pans de mur, d'enjoliver la voie avec des plants, de replâtrer des trottoirs, de colmater gauchement les nids... d'autruche, de nettoyer, de curer, d'astiquer,… C'est devenu un réflexe ‘'génique'' de nos EPIC, qui excellent également, lorsqu'il s'agit de dérouler un beau décor le long de parcours pour des hôtes officiels. Mais une fois que le cortège n'est plus là, la cité retombe en disgrâce : elle retrouve sa laideur, recompose avec sa bauge, donne le haut-le-cœur devant l'œil impassible des édiles qui, pourtant, n'ont de cesse de ressasser qu'‘'ils n'ont pas les coudées franches'' pour rendre propret le territoire qu'ils gèrent. N'est-ce pas que dans nombre d'endroits, la voirie exhume ses tripes en l'air non sans libérer ses écrans de poussière ? Des chantiers presque abandonnés par des maîtres d'œuvre qui refusent de faire dans la belle ouvrage, en assurant médiocrement la remise des lieux en l'état. ‘'Il ne s'agit plus d'éviter les nids-de-poule le long des artères de la ville, mais il faut choisir le trou qui fait le moins dandiner le carrosse'', dira, sur un ton ironique, un chauffeur de taxi.