Le premier magistrat de la wilaya d'Alger, invité d'un plateau d'une chaîne TV privée, s'est étalé dernièrement sur l'état de décrépitude de la cité qu'il gère, et les opérations menées par les différents Epic en matière de salubrité de la capitale. Il est évident que les arguments brandis par Monsieurle wali d'Alger paraissent a priori balèzes et perspicaces pour le téléspectateur qui suivait l'exposé des faits qu'il étalait, la mobilisation de ses troupes à travers les multiples rotations des EPIC et les moyens mis en œuvre pour donner l'image d'une capitale digne d'une mégapole. Tout est mis en branle du côté de l'administration, qui a la lourde charge de rendre Alger aussi propre qu'elle l'était dans les sixties du siècle dernier. Soit aux premières années de l'indépendance. Mais lorsque le quidam sillonne les artères et les espaces publics d'Alger Ibn Mezghenna, le «beau» décor est planté et, fatalisme oblige, il a fini par désapprendre l'écogeste en composant avec cet esprit de paresse «takhti rassi». Bien qu'il s'afflige des désagréments pour éviter la bauge dans laquelle il patauge. Bien qu'il peine à slalomer le long de sa desserte pour ne pas être happé par les nids… d'autruche et autres excavations le long de trottoirs poussiéreux. Bien qu'il éprouve du mal à échapper à la gadoue laissée au sortir d'un chantier d'un sous-traitant de voirie qui ne juge nullement nécessaire de remettre les lieux en l'état. Bien qu'il peine à esquiver les malfaçons et les réalisations viciées exécutées par les permissionnaires, il a fini par se «confectionner», un instinct naturel. Ne dit-on pas que l'habitude est une seconde nature ? Dans tout cela, Monsieur le wali tire sa conclusion de manière aussi hâtive que simpliste. Il pointe d'un doigt accusateur le citoyen qui ne fait rien pour rendre son environnement propre, débarrassé de ses scories. Le mal réside dans le comportement de l'administré, selon M. Zoukh qui, comme ses prédécesseurs, en passant par le GGA, ne lésine pas sur les moyens colossaux consacrés à la propreté tout en se décarcassant pour redorer le blason terni de la cité. Soit. Mais à son grand dam, Alger reste toujours aussi crade – hormis quelques lotissements à la réputation bien famée ou à la veille du passage de cortèges officiels, lors de laquelle on bat le rappel des EPIC pour rendre nickel le parcours. Comme disait l'autre «ghîr win ichouf Ahmed». Quoi que l'on dise, Alger est devenue inhospitalière et son visage laid. S'il y a un brin de justesse et de sensé dans les propos du wali lorsqu'il stigmatise le citoyen qui rechigne à apporter son concours éco-responsable pour rendre l'espace urbain moins repoussant, cela le dédouane-t-il lorsqu'il fait l'impasse sur le nécessaire volet qu'est la sensibilisation : spots, affiches, conférences, tables rondes avec la société civile et en tissant un partenariat avec le secteur de l'éducation, les associations écolo, etc. Dans le cas contraire, il serait plus facile de se voiler d'un contrevent. Voire de renvoyer la balle à l'autre.