Les scandales ayant éclaboussé la conservation des forêts sont en train de se traduire par une opération de redressement de l'institution. Pour rappel, la chronique a enregistré un flagrant délit de corruption ainsi qu'un détournement du droit d'usage sur les forêts, une malversation ayant entraîné une catastrophique démaquisation du côté des massifs forestiers de Bouzedjar et de M'saïd. Par ailleurs, outre le désastre écologique commis, le droit d'usage a été indûment consenti à des individus autres que les riverains des forêts, alors que le décret exécutif l'instituant avait pour soubassement de faire des bordiers les protecteurs du domaine forestier. Alerté par le wali, la direction générale avait instruit le conservateur en vue d'assainir la liste des bénéficiaires de l'autorisation d'usage, un assainissement qui avait été par la suite gelé, la DG s'étant aperçu que le mal avait concerné d'autres wilayas. Un arrêté est ainsi promulgué par le wali pour interdire tout déchiffrement alors qu'un nouveau conservateur est nommé en février 2005. L'enquête lancée par les soins de ce dernier est aujourd'hui en voie de finalisation. Interrogé sur la lenteur que l'assainissement a accusé, le conservateur avoue avoir été confronté à un préoccupant état de déliquescence de l'institution à la tête de laquelle il a été installé. Il s'était ainsi donné pour priorité de redresser la barre. De la sorte, la réorganisation de la conservation fut confortée par un renforcement institutionnel. Ainsi, le redéploiement du personnel a été accompagné par le recentrage des agents sur leur mission essentielle, celle précisément de la police forestière. En conséquence, ils ont été déchargés du suivi des programmes de développements ruraux, un suivi pour lequel ils n'étaient pas qualifiés (hydraulique, chemins forestiers, etc). Une première Les programmes en question ont été confiés à des bureaux d'études. « Cela a constitué une première au niveau national », affirme le conservateur. En outre, il y a eu l'acquisition de moyens matériels dont 8 véhicules tous terrains au profit des districts afin qu'ils puissent être en mesure d'assurer leur action de police. Depuis, la conservation est dotée de 5 officiers de police judiciaire par lesquels passeront les PV des agents forestiers. Cela permettra à leurs plaintes d'être enrôlées sans tarder par la justice, c'est à dire sans avoir à être confirmées par une enquête de la gendarmerie nationale. Ceci étant, concernant l'assainissement de la liste des bénéficiaires du droit d'usage, il y a eu la constitution d'une commission qui jugera nécessaire de décentraliser l'opération au niveau des districts qui n'avaient pas été associés à la finalisation de la liste des attributaires. Ainsi, la vérification des 194 dossiers de bénéficiaires des 620 ha de forêts et de maquis attribués a laissé apparaître que nombre de dossiers étaient incomplets. D'autres part, le descriptif des parcelles a révélé que certaines n'existaient pas sur le terrain ou n'avaient pas été mises en exploitation. Il s'est avéré que 400 ha ont été mis en valeur. Par ailleurs, il y avait à traiter les 531 demandes en instance de postulants au droit d'usage. En définitive, 4 listes vont être dressées pour en finir avec le passif : les attributaires à confirmer dans leur droit, ceux dont la décision d'attribution doit être annulée pour cause de travaux non lancés, les éligibles sur les 531 en fonction du stock foncier existant et ceux dont les demandes doivent être rejetées. Il reste qu'à la question de savoir ce qu'il va en être des non riverains, en particulier les notables et les affairistes qui se sont fait indûment octroyer des parcelles, la réponse s'est voulue évasive. Il est de fait évident pour d'aucuns que « hibbet eddoula » et la réhabilitation localement engagée de l'administration des forêts vont être jaugées à l'aune du traitement final de cette affaire.