Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, passera après-demain, lundi 11 septembre, devant l'Assemblée des représentants du peuple, pour obtenir la confiance aux nouveaux membres de son gouvernement. Chahed prononcera un discours-programme pour faire l'évaluation de sa première année d'exercice et annoncera ce qu'il devrait faire dans le futur. Les députés prendront la parole, après le chef du gouvernement, pour exprimer leurs avis, avant de passer au vote de confiance. La nouvelle composition proposée traduit la mainmise des hommes du Palais de Carthage sur les postes-clés du gouvernement. Ainsi, les ministres conseillers de la Présidence, Ridha Chalghoum et Slim Chaker, occupent les ministères des Finances et de la Santé. Le directeur du Centre des études stratégiques, Hatem Ben Salem, est nommé à la tête du ministère de l'Education nationale. Il a occupé ce même poste sous Ben Ali. Le ministère de la Défense est revenu à Abdelkrim Zebidi, qui a dirigé ce département dans le gouvernement de Beji Caïd Essebsi en 2011, juste après la chute de Ben Ali. Zebidi a préservé son poste dans le gouvernement de Jebali. Mais il a démissionné fin 2012 suite à un différend avec Moncef Marzouki et Hamadi Jebali concernant la remise aux Libyens de l'ex-chef de gouvernement, Baghdadi Mahmoudi. Finalement et après maintes tractations, la présidence de la République et le gouvernement ont fini par avoir la tête du ministre de l'Intérieur, Hedi Majdoub, malgré l'attachement des islamistes d'Ennahdha à ses services. Majdoub est accusé de laxisme sur certains dossiers, comme celui de l'envoi des jeunes Tunisiens dans les réseaux terroristes en Syrie et en Libye. Mejdoub a été remplacé par le commandant en chef de la Garde nationale, Lotfi Brahem, qui a fait ses preuves sur le terrain dans la lutte contre le terrorisme. A l'opposé des autres ministres de l'Intérieur, depuis 2011, tous connus pour une certaine complicité avec Ennahdha et à cause du laxisme dans le traitement de certains dossiers du temps de la troïka (2012-2013), Lotfi Brahem est connu pour son professionnalisme et sa rigidité contre les réseaux terroristes et mafieux. Pour rappel, Hédi Majdoub était chef de cabinet du Nahdhaoui Ali Laareyedh, lorsque ce dernier était ministre de l'Intérieur. Par ailleurs, et à part Mejdoub, le chef du gouvernement est allé, outre le veto d'Ennahdha, concernant la séparation du ministère du Commerce et de l'Industrie, qui était aux mains du Nahdhaoui Zied Ladhari. Le ministère a été scindé en deux. Le Commerce est allé au technocrate Omar Behi alors que celui de l'Industrie est confié à l'autre Nahdhaoui Imed Hammami. Quant à Ladhari, il gérera le département du Développement et de la Coopération, un portefeuille difficile en ces temps de crise. Ces petits «coups» du président Béji Caïd Essebsi n'ont pas empêché les islamistes d'Ennahdha d'exprimer leur soutien au remaniement. Le communiqué issu de la réunion de leur bureau exécutif a approuvé le remaniement proposé et salué les procédés du président de la République. Rached Ghannouchi était clair en appelant les députés nahdhaouis à voter la confiance à tous les nouveaux ministres, y compris Lotfi Brahem, en réponse à ceux, parmi l'aile dure des Nahdhaouis, qui appellent à ne pas le soutenir. Ghannouchi sait pertinemment que le nouveau ministre de l'Intérieur pourrait avoir les voix nécessaires pour obtenir la confiance, sans les islamistes. Il est également à souligner que les ministres Nidaaistes du Tourisme et des Sports, Selma Rekik et Majdouline Cherni, ont gardé leurs postes dans la nouvelle équipe de Chahed, tout comme le ministre chargé des Relations avec les Instances constitutionnelles, la Société civile et les Organisations des droits de l'homme : Mehdi Ben Gharbia, donné partant. Autre fait marquant, la nouvelle équipe comprend un ministre auprès du chef du gouvernement chargé des grandes réformes. Il s'agit de Taoufik Rajhi, le conseiller de Chahed.