De nos jours encore, le répertoire, le style et la personnalité de Fadéla Dziria continuent à fasciner les artistes comme les mélomanes et on ne compte plus le nombre de chanteuses qui s'inspirent de la mythique mais populaire cantatrice et qui reprennent ses chansons. En 2010, la chanteuse moderne Samira Brahmia confiait à la journaliste O. Hind de L'Expression qu'un de ses projets les plus chers serait de «faire rencontrer la musique de Fadela Dziria avec du jazz». Souhaitant prendre le temps de le réaliser, l'artiste a perçu toute la richesse d'une œuvre qui appartient largement au patrimoine musical national mais à laquelle Fadela Dziria avait apporté un registre particulier d'interprétation. En attendant de telles expériences, la reprise demeure largement pratiquée et chanter comme la célèbre disparue est pour nombre de musiciennes un passage quasi-obligé ainsi qu'un hommage. Au début de l'année 2009, la grande chanteuse Seloua avait dédié un concert mémorable à la mémoire de Fadéla Dziria qui fut son amie. De même, Narjess, à plusieurs reprises avait exprimé de manière admirable son admiration pour la sublime Fadéla. Parmi les chanteuses les plus attachées à ce répertoire, on peut citer Hassiba Abderraouf, incontournable dans les fêtes familiales et qui a fait ses premiers pas auprès de sa mère, elle-même artiste proche de Fadéla Dziria. Elle a ainsi affirmé : «J'ai repris quelques titres de la défunte Fadéla Dziria. Pour moi, elle est une grande cantatrice qui a su porter très haut le patrimoine algérien, notamment, de la musique hawzi et de l'algérois. J'ai toujours été fascinée par son chant qui m'a accompagné durant mon enfance et mon adolescence. Tout ce qui m'importe, c'est de restituer le nom de cette illustre chanteuse. Car tout ceux qui me connaissent, disent que j'ai la voix pour cela, et que je dois continuer sur cette lancée» (Dépêche de Kabylie, 16/10/07). On doit citer également ici Kenza Hamouni, passionnée par la tradition classique du hawzi algérois, qui a consacré en 2015 son premier album à un hommage à Fadéla Dziria. Il est remarquable que cette énorme admiration touche même des artistes qui ne pratiquent pas le genre. Ainsi, la merveilleuse chanteuse Houria Aïchi qui a travaillé essentiellement sur le répertoire traditionnel chaoui, s'est laissé aussi emportée par le charme et la force profonde de Fadéla Dziria qu'elle a incluse dans son album-hommage de 2013, intitulé Renayate (Chanteuses). Elle a, entre autres, affirmé à cette occasion, elle qui est sociologue de formation : «Le chant d'Alger de Fadila Dziria et Meriem Fekkaï, modelé par la ville, puise ses racines au cœur de la musique arabo-andalouse. Une oscillation permanente entre le populaire et le savant !». C'est là une explication très intéressante de l'attrait pour ce genre et pour ses plus emblématiques représentantes. Mais Fadéla Dziria n'influence pas seulement les chanteuses et, dans la gente masculine, on peut citer par exemple le chanteur Nabil Nebbache dont le premier album, «Journal intime», sorti en 2012 comprend une reprise de «Mel hbibi malou» dans une orchestration malouf. La présence de Fadéla Dziria s'est trouvée aussi marquée par quelques initiatives institutionnelles. En 2012, l'ONDA (Office national des droits d'auteur) a édité un coffret de 4 CD qui réunissait justement Meriem Fekkaï et Fadéla Dziria. Au mois de juin dernier, à l'occasion de la Journée nationale de l'Artiste, la Poste algérienne a émis un timbre à l'effigie de Fadéla Dziria en même temps qu'un autre honorant la diva Ouarda El Djazaïria. Enfin, rappelons que Fadéla Dziria a été décorée à titre posthume de la médaille de l'Ordre du Mérite National.