La crise du pain, qui s'est prolongée durant quelques jours dans certaines boulangeries d'Oran, semble s'être estompée. En effet, les différentes boulangeries que nous avons visitées, hier, cédaient la baguette de pain ordinaire à 10 DA et non plus à 15. Notons que lundi dernier, la Fédération des artisans-boulangers de la wilaya d'Oran s'est désolidarisée de ceux de la corporation ayant pris l'initiative d'augmenter le prix de la baguette de pain ordinaire. C'est ce qu'avait annoncé Mezazigh Mustapha, le président de cette fédération, en marge d'une réunion de travail organisée au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens. «La Fédération des artisans-boulangers de la wilaya d'Oran, sous l'égide de l'UGCAA, n'est pas responsable, ni de près ni de loin, de cette situation. On informe les boulangers que nous sommes en contact permanent avec les services du ministère du Commerce pour trouver une solution urgente aux problèmes des boulangers qui sont légitimes», avait-il annoncé. Pour sa part, Mouad Abed, responsable de l'UGCAA, a dénoncé une «manipulation dont ont été victimes certains boulangers qui ont pris la décision de revoir à la hausse le prix de la baguette de pain». Il ira plus loin en affirmant que certains de ces boulangers ont reçu des menaces par téléphone par des inconnus qui les ont sommés, sous peine de représailles, de vendre la baguette au prix de 15 DA, ou alors de fermer boutique. Il a appelé, de fait, les autorités judiciaires à ouvrir une enquête pour débusquer les auteurs de ces menaces. «Sur les 634 boulangers qui exercent à Oran, une soixantaine ont procédé à cette augmentation. A vrai dire, toute cette situation que vit le pays actuellement a commencé à partir d'Oran lors d'un rassemblement d'une trentaine de boulangers (nldr : la semaine dernière). Une rencontre s'en est suivie où la question de l'augmentation du prix de la baguette a clairement été écartée. Or, le lendemain, certaines boulangers ont quand même vendu leur baguette à 15DA, et c'est de là qu'a commencé la pagaille : on a eu ensuite des échos que d'autres wilayas ont été touchées par le même problème. Quand on a vu l'ampleur que ça a pris au niveau national, on s'est dit qu'il doit sûrement y avoir anguille sous roche». Autrement, il certifie que des personnes malintentionnées sont derrière cette «zone de turbulence que traverse la corporation des artisans-boulangers». «Actuellement, le prix légal est de 10 DA pour une baguette de 250 g et non 15 DA pour une baguette de 200 g. Celui qui n'applique pas cette réglementation, doit revenir à la raison. On comprend le désabusement du boulanger, mais il y a des limites qu'il ne faut pas dépasser». Jeudi dernier, à Oran, une quarantaine de boulangeries ont fermé boutique avant de décider de revoir à la hausse le prix de la baguette de pain qui est passé à 15 DA ainsi que le prix de la demi-baguette (panini) qui a grimpé de 5 à 7,5 DA. Le topo est cependant tout autre à Béchar : il faut savoir que depuis trois jours, il est impossible de trouver une baguette de pain dans la ville. Cela relève même de la gageure. Tous les artisans boulangers sont en grève et réclament le relèvement du prix de la baguette à 15 DA au lieu de 10 DA, soit une augmentation de 50% refusée par la direction du commerce. Le directeur du commerce, contacté hier au sujet de cette grève déclenchée par la corporation des boulangers, a été catégorique : la hausse du prix de la baguette de pain est unilatérale et illégale. «Toute augmentation doit faire l'objet d'une révision du décret 96-132 du 13 avril 1996 qui a fixé les prix de la farine et du pain», a indiqué le responsable de la wilaya. Pour souligner davantage l'illégalité de la mesure, celui-ci a exhibé la copie d'un communiqué émanant de l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) qui rejette toute décision d'augmentation du tarif du pain. «Mes services ont reçu avant-hier les représentants des artisans-boulangers pour leur expliquer que leur démarche s'inscrit dans un cadre illégal et que leurs revendications sont sur la table du gouvernement, seul habilité à se prononcer sur le dossier», a-t-il indiqué. Et d'après ce responsable, croyant s'être mis d'accord sur l'inutilité de recourir à la grève, le lendemain les artisans-boulangers ont déclenché leur mouvement de grève. 46 boulangers ont fait l'objet de procès-verbaux d'infraction à la réglementation et seront poursuivis en justice, dont 7 verront leur cas aggravé car surpris en flagrant délit de fraude sur le poids de la baguette de pain.