Sans surprise, la réaction de la classe politique et de la rue palestiniennes à la décision de l'administration américaine de reconnaître la ville sainte d'Al Qods comme capitale d'Israël a été presque instantanée et se poursuit encore. Le sentiment principal suscité par la décision du président américain annoncée mercredi soir au cours d'un discours jugé provocateur par l'ensemble des Palestiniens est une grande colère. Ce sentiment se lisait sur le visage du président palestinien Mahmoud Abbas qui a répondu au président américain quelques minutes après la signature en direct de sa grave décision à travers la télévision palestinienne. Monsieur Mahmoud Abbas a affirmé que les Etats-Unis ne peuvent plus jouer leur rôle historique de médiateur dans le processus de paix. «Par ces décisions déplorables, les Etats-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu'ils abandonnent le rôle de parrains du processus de paix qu'ils ont joué au cours des dernières décennies», a dit le président Mahmoud Abbas dans un bref discours dans lequel il a affirmé que l'annonce du président américain ne changera rien à la situation actuelle de la ville sainte d'Al Qods, comme capitale éternelle de l'Etat de Palestine. Monsieur Abbas a insisté sur la nécessité d'unifier les rangs palestiniens en faisant réussir la réconciliation afin de faire face ensemble à ce nouveau défi. Des responsables de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dont son secrétaire général Saeb Erekat ont exprimé leur colère vis-à-vis des Etats-Unis. «Le président Trump a démoli la solution à deux Etats et le processus de paix en décidant de façon unilatérale de reconnaître la ville d'Al Qods comme capitale de l'occupation israelienne», a déclaré Monsieur Erekat. Pour le président Mahmoud Abbas et pour la direction palestinienne, même si pour la première fois le président Trump a évoqué dans son discours être prêt à accepter la solution à deux Etats au cas où les deux parties l'acceptent, il ne peut y avoir d'Etat palestinien sans Al Qods pour capitale. La direction palestinienne prendra les décisions nécessaires pour protéger le projet national palestinien, a affirmé le président palestinien. A Ghaza, juste après la fin du discours de Trump, le mouvement Hamas a affirmé que cette décision «ouvrait les portes de l'enfer pour les intérêts américains dans la région». Le président du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a dit hier matin dans une conférence de presse que la cause palestinienne et la ville d'Al Qods passent par un tournant historique après la decision injuste prise par l'administration américaine. Haniyeh a dit également : «Nous devons prendre des décisions stratégiques pour faire face à ce nouveau complot», réaffirmant que la ville d'Al Qods unifiée est la capitale de l'Etat de Palestine. Le chef du bureau politique du Hamas a demandé à l'Autorité palestinienne de rompre toute relation avec l'occupation israélienne et de permettre à la résistance de frapper en Cisjordanie occupée. Mais son appel le plus fort était destiné au peuple palestinien, auquel il a demandé de faire de la journée d'aujourd'hui, vendredi 8 décembre 2017, une journée de colère et le début d'une nouvelle Intifadha qu'il a nommée «l'Intifada de la liberté d'Al Qods et d'Al Aqsa». La rue palestinienne en état d'ébullition n'a pas attendu les appels des responsables palestiniens pour agir. Dans la ville d'Al Qods, à Ghaza et partout ailleurs en Palestine occupée, malgré le froid et la pluie, des milliers de citoyens furieux sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère contre Trump, les Etats-Unis et l'occupation israélienne. Des drapeaux américains et israéliens, en plus de photos du président Trump ont été brûlés. Des pneus de voitures entaient brûlés également rappelant des moments forts des Intifadhas populaires palestiniennes de 1987 et de l'an 2000. Un mouvement de grève générale a paralysé les Territoires occupés hier. Les écoles sont restées fermées et les magasins ont baissé leurs rideaux. Les manifestations ont pris cette fois un caractère plus violent, puisque des heurts ont éclaté entre les jeunes Palestiniens et les forces de l'occupation partout en Cisjordanie occupée où les points de contacts directs avec ces forces sont innombrables. Des pneus brûlés et des pierres, en plus de cocktails molotov étaient utilisés par les jeunes Palestiniens. La répression par les forces israéliennes de ces milliers de jeunes se fait par des bombes lacrymogènes toxiques, des balles en caoutchouc ainsi que des balles réelles. Celui qui assiste aux incidents violents dans les villes palestiniennes, Al Qods, Bethlehem, Jenine, Toulkarem, Ramallah, Naplouse, Ghaza et autres se rend compte que les Palestiniens n'ont pas attendu aujourd'hui (vendredi) pour entamer leur révolte. Les premiers blessés par balles ont été signalés à Ghaza où un jeune a été blessé par balles et deux autres par des bombes lacrymogènes. En Cisjordanie, les premiers blessés sont de la ville de Bethlehem. En général, dès que le sang commence à couler en Palestine occupée, il est difficile d'arrêter son effusion.