Six blessés et neuf arrestations, c'est le triste «score» d'une nuit de violence. Score, car ces scènes de colère des résidents et résidentes des cités universitaires sont tellement récurrentes et banalisées que cela devient presque un spectacle. Dimanche soir, des «escarmouches vite maîtrisées», comme les a qualifiées l'Agence nationale de presse (APS), ont éclaté entre les forces de l'ordre et des résidents de la cité Hasnaoua, qui tentaient de sortir dénoncer des conditions d'hébergement et de nourriture indignes. Un simple fait divers aux yeux de beaucoup d'observateurs. Une violence de plus dans une université agressive, diront d'autres. Loin s'en faut ! Le fait est gravissime. Il est la réponse, ou du moins l'une des réponses, aux interrogations posées par une société qui se disait choquée par l'impressionnante foule d'étudiants amassés devant le portail de l'Institut français d'Alger, la veille du Premier Novembre. Pourquoi partent-ils ? nous interrogions-nous. La réponse est dite: six blessés et neuf arrestations, parce qu'il ont faim et ils ont froid. Lors de sa rencontre avec les représentants des organisations universitaires au début de ce mois de janvier, le ministre de l'Enseignement supérieur a reconnu l'«insatisfaction de l'ensemble de la famille universitaire» quant aux œuvres universitaires. Il a promis un examen «minutieux» du dossier lors d'une prochaine conférence nationale. Une conférence qui était annoncée pour l'année dernière. Une année de plus, c'est une année de trop. Il s'agit, rappelons le, de nourriture et d'hébergement. Chaque année, près de 25 000 étudiants algériens quittent le pays pour aller étudier ailleurs. Et on se demande encore pour quelles raisons !