En 2004, pas moins de 150 constructions illicites ont fait l'objet de démolition dans la commune de Djelfa. Ces actions n'ont nullement dissuadé les contrevenants. Des cités entières sont construites pendant la nuit, afin que les auteurs des infractions échappent à tout contrôle, faussant ainsi les statistiques. Ce phénomène qui a tendance à prendre des proportions alarmantes est difficilement maîtrisable : « La démolition n'est pas redoutée par les contrevenants qui ont fait de l'illicite un commerce très lucratif sachant qu'ils seront relogés », nous a déclaré un élu de l'APC ajoutant que les auteurs des infractions, après avoir bénéficié de logements sociaux, vendent ces derniers et construisent illicitement d'autres habitations sous des prête-noms. Pour cet élu, ce genre de procédé est incontrôlable et menace gravement la cité. Selon lui, seules des sanctions sévères - des peines de prison en l'occurrence, apporteraient des solutions définitives. Si la promulgation au mois d'août dernier de la loi 90-29 relative à l'aménagement et à l'urbanisme impliquant directement, et dans des délais records, l'autorité administrative dans les actions de démolition a été vivement accueillie par la direction de l'urbanisme et de la construction (DUC), il n'en demeure pas moins que d'autres institutions semblent se heurter à des difficultés sur le terrain : la résistance opposée par les contrevenants et leur famille, la récidive, le manque de moyens humaines et matériels, l'absence de coordination entre les services concernés, sont les quelques obstacles invoqués par des responsables locaux. « La démolition n'est pas la solution magique. Il faut impérativement que cette action soit accompagnée de mesures préventives, d'une présence permanente et effective de l'Etat de l'amendement et surtout de sanctions exemplaires », nous ont-ils encore affirmé. Le chef de service de l'urbanisme, quant à lui, insistera sur le fait que toutes les étapes relatives au suivi seront respectées. « Il ne sert à rien de transmettre aux autorités compétentes des procès-verbaux si ces dernières n'assurent pas sérieusement le suivi. » Par ailleurs et dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP) (constructions illicites existant bien avant la promulgation de la loi 90-29 du 11 décembre 1990), une opération de grande envergure a été lancée au mois de juillet 2003. 1081 bidonvilles ont été démolis au niveau du quartier Aïn Srar en une journée et 1100 familles ont été relogées dans une cité moderne. A Aïn Ouassera, commune située à 100 km au nord du chef-lieu de wilaya, 92 habitations construites illicitement ont été démolies l'année précédente. Au total, et selon un recensement effectué au mois de décembre 2003, la wilaya de Djelfa comptabilisait 11 424 constructions illicites. Environ 33 ha ont été récupérés à la suite des démolitions. Les espaces récupérés seront destinés aux différents programmes de l'Etat (logements sociaux, autoconstruction, location-vente, espaces de détente, etc.). Il faut noter que malgré une avancée fulgurante en matière de réalisation de logements sociaux, le problème est loin d'être réglé à l'exemple de la commune de Djelfa. Avant la distribution d'un quota de 902 logements sociaux au début de l'année en cours, le nombre des demandeurs était de 21 900. Quelques mois après la distribution, le nombre des demandes a atteint 24 000. Selon des élus, la construction illicite et l'habitat précaire ont faussé toutes les données.