Comme chaque année, à l'approche de l'Aïd El Kebir, les maquignons occupent les places publiques et les espaces bien situés donnant sur les axes autoroutiers. Ces engraisseurs qui viennent des régions des Hauts-Plateaux et des steppes mettent à mal le cadre de vie des citoyens. A défaut de réglementer la profession, on constate que les pouvoirs locaux ne se sont jamais manifestés pour dégager des aires appropriées à la vente des ovins. Pis ! Des locaux commerciaux, situés dans des artères principales, ont été transformés, contre toute attente, en étables pour l'écoulement des moutons et du foin et ce au su et au vu de tout un chacun. Des pratiques similaires ont été constatées au mois de Ramadhan pendant lequel des commerçants, faisant fi à la réglementation, se sont métamorphosés en vendeur de zlabiya. Une démission collective des élus locaux et des forces de sécurité est flagrante face au rush des vendeurs professionnels et occasionnels de moutons. Ce constat est perceptible aussi bien à la rue Tripoli (Hussein Dey), El Maqaria (ex-Leveilley), la rue Hassiba Ben Bou Ali, la rue Belouizdad, Bachedjarrah, pour ne citer que ces cas, et où la saleté est venue se mêler à la boue. Les odeurs nauséabondes agressent les narines alors que les croûtes de moutons recouvrent les trottoirs. Des bottes de foin et des sacs poubelles éventrés jonchent les chaussées. Ces amoncellement de détritus font la joie des rongeurs mais portent une sérieuse atteinte à la santé des citoyens. Aïn Naâdja, par contre, c'est encore pire. Les maquignons, auxquels se mêlent à leur business d'autres maquignons en col blanc, ont investi les lieux. Aux alentours du château d'eau jusqu'aux limites de la station de transport urbain, l'observateur est ahuri de voir des groupes de moutons entourés par d'éventuels acheteurs. Juste à côté, des jeunes désœuvrés, réputés par leur débrouillardise, ont accaparé des trottoirs pour écouler des bottes de foin et même des cordes. Aux abords de la cité CNEP non encore occupée, des camions chargés de cheptel, immatriculés à l'intérieur du pays, sont stationnés en face de la cité entourée de boue et d'engin de travaux publics. Même les propriétaires de camionnette n'ont pas raté cette aubaine pour proposer leur service. Les occupants des baraques de Haï Remli se sont mis de la partie en revendant des moutons qu'ils exposent dans une aire délimitée par des tôles en zinc. Ces pratiques et ces habitudes rurales semblent s'installer dans la capitale, principalement dans des zones où pullulent les bidonvilles occupés par des familles, drainées par l'exode rural. La priorité est accordée à l'« avoir » au détriment de l'« être ». Aux rejets domestiques et autres gravats délaissés par les citoyens sur la voie publique, le nettoyage des écuries d'Augias, relève d'une prouesse au point que certains observateurs n'hésitent pas à qualifier ironiquement comme faisant partie des « sept travaux de Aântar Ibn Chedad ». Au demeurant, les employés des Epic Netcom et d'Asrout sont déjà avertis. Ils auront, dès dimanche prochain, du pain sur la planche, puisqu'ils devront débarrasser El Bahdja de sa saleté et lui redonner un look tant espéré à la veille de la manifestation « Alger : capitale de la culture arabe ». Lamine B., Nadir Kerri