Le tribunal de Bab El Oued (Baïnem) a requis, hier, un mois de prison ferme contre M. Osmane, secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger (CLA). L'affaire est mise en délibéré et le verdict sera connu le 8 janvier prochain. Le procès a débuté, hier vers 13h, et duré plus d'une heure. D'emblée, M. Osmane et son avocat se sont élevés contre la décision de la présidente du tribunal interdisant l'accès à l'intérieur de la salle d'audience aux enseignants qui sont venus en force soutenir leur collègue du CLA. « J'ignorais que les audiences au sein de nos tribunaux se déroulaient à huis clos. Je ne comprends pas pourquoi on empêche les enseignants d'assister au procès de leur collègue », a lancé M. Osmane à l'égard de la présidente de la cour. Celle-ci expliquera, manière de calmer les esprits que « nos tribunaux sont ouverts au grand public, mais dans certaines affaires, et par souci d'organisation, nous agissons de la sorte pour éviter l'anarchie et la désorganisation », dira-t-elle. Le porte-parole du CLA est poursuivi par la justice pour incitation à « la grève sauvage par une organisation non légale », à savoir la Coordination intersyndicale de l'éducation nationale (CIEN), regroupant cinq syndicats, et ce, suite à une plainte déposée par l'académie d'Alger, en janvier 2006. La présidente du tribunal a interrogé M. Osmane sur les textes de loi régissant les syndicats et les associations et sur le respect des étapes menant vers le déclenchement d'une grève. Sur ces questions, le représentant du CLA s'est défendu en indiquant qu'il n'a jamais incité à la grève. Il précisera que le recours à un mouvement de débrayage ne peut être décidé de manière unilatérale. « La grève est une action qui est décidée et votée en assemblée générale. Je n'ai pas le droit de décider à la place des autres. Ce sont les travailleurs qui ont appelé à la grève et non Osmane », dira-t-il, en rappelant dans ce contexte que la coordination a respecté toute la procédure énoncée dans les textes de loi concernant le recours à une grève. « Nous avons constitué un dossier et la loi permet au collectif d'observer une grève. Nous avons également déposé un préavis de grève et nous avons avisé à maintes reprises le ministère de l'Education nationale, qui est notre tutelle », a souligné M. Osmane. Notons que le procès s'est déroulé en l'absence de la partie plaignante, à savoir les représentants de l'académie d'Alger. Même lors des séances précédentes ils n'ont jamais fait le déplacement au tribunal... M. Méziane, l'avocat de la défense, a plaidé l'innocence de son client. Toutefois, M. Osmane s'est dit inquiet que le tribunal, après trois reports, ait décidé en cette période de traiter l'affaire et de procéder à la condamnation du porte-parole du CLA. « Je fais confiance à la justice, mais si le verdict venait à se confirmer, je conclus que l'on veut intimider les syndicalistes et les enseignants qui se sont mobilisés ces derniers jours », a soutenu M. Osmane. Le CLA a souligné l'importance et l'urgence de ne pas laisser la justice pénaliser le droit de grève et les libertés syndicales. « Aujourd'hui plus que jamais, la justice doit protéger le droit de grève, de réunion, d'expression et d'organisation libre. Nous devons refuser et empêcher toute atteinte aux libertés syndicales. »