Une centaine de passagers algériens a passé un début d'année cauchemardesque dans l'aéroport de Fiumicino, à Rome, après que la compagnie Alitalia ait annulé le vol qui devait les transporter à Alger, sans se soucier nullement de leur exaspération. Quelques heures auparavant, le même sort avait été réservé à leurs compatriotes qui avaient réservé sur un autre vol pour Alger, en partance de Milan. Deux vols annulés le même jour (le troisième cette semaine) sans que les passagers aient été avertis de la décision préjudiciable, de quoi gâcher le plus romantique des nouvels ans. En guise d'explication, les passagers, dont la plupart ne faisaient que transiter par les deux villes italiennes, en provenance du Canada, de Suisse, d'Allemagne, de France... pour rentrer passer la fête de l'Aïd et les vacances d'hiver dans leur pays d'origine, se sont vu dire qu'« il n'y avait pas d'appareils disponibles » avant d'être abandonnés à leur sort. Avec la promesse d'une symbolique assistance matérielle et d'un hypothétique vol pour Alger le lendemain seulement, on les pria de quitter la salle d'embarquement du terminal C, où ils se trouvaient après avoir effectué les procédures d'enregistrement et subi tous les contrôles. Devant la rébellion pacifique qui commençait à monter du groupe de familles contraint à un séjour prolongé en Italie, les responsables de la compagnie ont dépêché une dizaine d'hommes des carabiniers pour encadrer les « insurgés ». Ces derniers nous ont affirmé ne pas comprendre pourquoi les responsables d'Alitalia ne les ont pas orientés à temps vers le vol d'Air Algérie qui venait de partir pour Alger à moitié vide. En outre, on aurait pu les diriger vers d'autres villes européennes desservies par la compagnie afin de rallier Alger. Seule la venue du consul d'Algérie à Rome, qui alerté, s'est déplacé à l'aéroport en compagnie d'un représentant d'Air Algérie, a pu secourir les passagers algériens. Exigeant un engagement écrit de la part de la compagnie à assurer le vol du lendemain, le diplomate a ainsi rassuré les malheureux voyageurs. Alitalia, qui a ouvert depuis des années des vols quotidiens pour Alger à partir de Milan et de Rome, a causé un sérieux préjudice à Air Algérie, incapable de résister à cette concurrence « déloyale », surtout que les tarifs sont identiques et que les usagers, pour éviter les retards accusés souvent par les vols de la compagnie nationale, bien que ces derniers temps on note une nette amélioration, préfèrent en général voler avec Alitalia. Mais la situation de grave déficit dans laquelle se trouve la compagnie italienne a sérieusement compromis la qualité de ses services et le retard est devenu chose fréquente sur ses dessertes intérieures et internationales. Car Alitalia se débat dans d'énormes difficultés financières depuis des mois et se trouve de fait en situation de faillite, ce qui a poussé l'Etat, principal propriétaire de ses actions, à la mettre sur le marché afin de céder plus de 30% de son capital à n'importe quel entrepreneur privé qui s'en fait acquéreur. Les experts affirment qu'Alitalia est la seule compagnie européenne qui perd un million d'euros par jour, c'est-à-dire qu'elle aggrave son déficit à chaque fois que l'un de ses appareils décolle. Rome De notre correspondante